Le Séminaire français de Rome met en scène une pièce de Jean-Paul II
(RV)Entretien- Frère de Notre Dieu : c’est le titre d’une pièce
de théâtre qui est jouée ce week-end au Séminaire français de Rome. Cette pièce est
proposée au public ce vendredi 4 avril à 20h30, samedi 5 avril à 17h et dimanche 6
avril à 17h, au Séminaire français, 42 via Santa Chiara, près du Panthéon. L’entrée
est gratuite.
Cette pièce prend un relief particulier à l'approche des canonisations
du 27 avril, car son auteur n'est autre qu'un certain Karol Wojtyla : lorsqu’il l'avait
écrit à la fin des années 1940, le futur pape Jean-Paul II était alors un jeune abbé
de Cracovie, amoureux du théâtre.
Sous une forme romancée et symbolique, il
avait voulu mettre en scène l’histoire vraie d’un saint polonais de la fin du XIXe
siècle, Adam Chmielowski, un peintre révolté par la misère des habitants de Varsovie
et tenté par la révolution violente, qui choisira finalement la voie de l’amour de
Dieu et deviendra tertiaire franciscain sous le nom de Frère Albert.
Toute
la communauté du séminaire s’est investie dans la préparation de ce spectacle qui
implique donc une quarantaine de personnes, dont une trentaine sur scène. Cette démarche
à la fois artistique et spirituelle a soudé la communauté, selon le père Sylvain
Bataille, supérieur du Séminaire français de Rome, au micro de Cyprien Viet :
Une pièce
de théâtre, c’est une belle expérience dans un séminaire. J’ai eu souvent l’occasion
de le vivre comme une expérience communautaire. On a besoin les uns des autres. Alors,
certes, il y a un rôle principal mais chaque acteur a quelque chose à donner, chacun
doit aider son frère à donner le meilleur et c’est ce qui fait la qualité. Et donc,
pour moi, c’est de l'ordre du mystère de l’Église, d’une communion où on doit se soutenir,
où chacun est utile, chacun est un membre indispensable et chacun est responsable
de son frère. C’est la première chose qui justifie et qui pour moi donne sens à cette
pièce.
La seconde chose, c’est qu’un séminaire, c’est un temps de formation.
On est quand même assez centré sur soi-même : Quel est l’appel du Seigneur ? Qu’est-ce
que je vais faire de ma vie ? Comment est-ce que je vais déployer ces talents ? L’approfondissement
de la théologie, la vie spirituelle, la charité. Avec le danger d’être justement trop
centré sur soi-même. De vivre une pièce de théâtre, c’est
l’occasion de donner ensemble, de donner à d’autres. On a invité largement, je crois
qu’on a un bon réseau d’amitiés francophones et au-delà dans Rome. Et donc, de pouvoir
le partager, c’est complètement dans la logique du séminaire qui prépare au don, au
don de soi aux autres. De le vivre de manière un peu ponctuelle mais assez forte
dans une expérience comme celle-là, c’est complètement dans la logique de la formation
et de ce que l’on souhaite : ce don de soi.
Ce n'est pas une pièce comme
les autres, puisqu’elle a été écrite par Jean-Paul II... Qu’est-ce que ça représente
? Est-ce que cette écriture du jeune abbé Karol Wojtyla est particulièrement touchante
pour ces générations de futurs prêtres qui affrontent une société très différente
que ce qu’était la Pologne du milieu du 20°siècle ou du 19°siècle ? Je crois
que cette pièce a été l’occasion pour les séminaristes de découvrir Jean-Paul II.
Dans l’ensemble, ils l’ont connu assez âgé, à la fin de sa vie, avec une œuvre accomplie.
Et de pouvoir plonger dans le Jean-Paul II de 1950, dans le Karol Wojtyla, c’est un
peu découvrir l’homme dans ses racines, dans ce qui a fait son histoire : cette confrontation
à la pauvreté, cette confrontation à la révolution et avec toute cette idéologie qu’il
peut y avoir derrière. Et puis, ce choix de l’amour, face à toutes ces difficultés
et aux difficultés de la société auxquelles il a été confrontées de manière très forte,
certainement encore plus que ce à quoi nous pouvons être confrontés aujourd’hui. Ces
séminaristes sont confrontés à cette puissance du mal et à ce choix de l’amour. Et
je crois que là, on a l’âme de Jean-Paul II. Et cette pièce en rend compte d’une manière
assez exceptionnelle. Entre autres, la manière dont, progressivement, on passe de
la tension de ce frère Adam qui perçoit la souffrance et le mal et qui ne sait comment
réagir et petit à petit, cette ouverture à l’amour avec tout ce que cela suppose de
libération, de joie et de faire des disciples et de transformer le monde. Et je pense
que là, on a quelque chose du message de Jean-Paul II, de ce qu’il a voulu transmettre
tout au long de sa vie.