Le Pape appelle le Soudan du Sud à mettre un terme aux violences
Un « appel urgent » pour mettre fin à la violence au Soudan du Sud, assurer
l'aide humanitaire et promouvoir la paix : c’est ce que demande le Pape François
dans un message adressé au diocèse de Juba. Le texte, signé par le secrétaire d'État,
le cardinal Pietro Parolin, a été lu dimanche matin par le cardinal Peter Turkson,
président du Conseil pontifical Justice et Paix, qui a célébré la messe dans la cathédrale
de Sainte-Thérèse, dans la capitale sud-soudanaise, au terme d’une visite de cinq
jours dans le pays.
« Sans la paix, il ne peut y avoir de développement
», comme l’écrit le Pape à l'archevêque de Juba, Mgr Paulino Lukudu Loro. Des
mots appropriés pour le Soudan du sud, cette jeune nation, indépendante depuis trois
ans qui a vu en décembre dernier éclater un conflit ethnique entre les forces gouvernementales
du président Salva Kiir, et celles fidèles à l'ancien vice-président Riek Machar.
Cette guerre a coûté la vie à de personnes innocentes, regrette le Souverain Pontife,
provoquant divisions et causant « pauvreté, faim, maladie et mort ».
«
Nous ne pouvons pas rester indifférents à cette réalité», a écrit le Pape, qui
n'oublie pas la « situation dramatique » des déplacés et des réfugiés, contraints
à l'exil dans le « mépris de leur dignité», considérés non plus comme des personnes,
mais comme des « statistiques sans noms ».
L'accès à l'aide humanitaire
est primordial et urgent
Ainsi François lance cet appel pour s'assurer
que toutes les parties prenantes, avec le soutien de la communauté internationale,
mettent fin à la violence, assurent « l'accès à l'aide humanitaire pour les nécessiteux
» et cherchent « sans relâche des solutions pacifiques, pour faire prévaloir
le bien commun sur les intérêts particuliers ». Le message du Pape rappelle ainsi
la nécessité de « promouvoir la culture de la rencontre », qui implique avant
tout le rejet de l'égoïsme et la capacité de voir en l’autre « non pas un ennemi,
mais un frère qu’il faut accepter et avec qui travailler ».
Les efforts
pour créer un climat social « constructif », poursuit le Saint-Père, doivent
l'emporter sur la « soif de pouvoir » personnel. Il faut pour lui « reconnaitre
que les êtres humains, avec leurs légitimes aspirations morales, éthiques et sociales
», viennent toujours « avant l'Etat et les divers pouvoirs qui cherchent à
les soumettre ».
Le Carême est un moment propice à la conversion des
coeurs
Puis en se référant au Carême, un « moment privilégié pour s'engager
sur la voie de la purification et de conversion de l'esprit et du cœur », le Pape
appelle à la « conversion des consciences à la justice, la fraternité et le partage
». Le message se termine par la déclaration claire que « l'Église catholique
condamne tout acte de violence et travaille généreusement à la recherche d'un climat
de dialogue, de réconciliation et de paix entre tous les membres de la société ».
La
visite du cardinal Turkson au Soudan du Sud a débuté le 19 mars. Elle s'est déroulée
dans le cadre de l’initiative de carême promue par l’Eglise locale et intitulée «
Quarante jours de prière, de jeûne et de charité pour la justice, la paix et la réconciliation
». Le cardinal a rencontré plusieurs évêques et membres des autorités locales.
Il a notamment rencontré le président Salva Kiir mercredi et les membres du gouvernement,
auxquels il a remis le message de François.
Photo : le cardinal Peter
Turkson, président du Conseil pontifical Justice et Paix, à la veille de son départ
pour le Soudan du Sud