Le Père Pascal Montavit nous propose son commentaire de l'Evangile du dimanche 30
mars, quatrième dimanche de Carême. Évangile de Jésus-Christ selon selon saint Jean,
9. 11-41: « Crois-tu au Fils de l’homme ? -Je crois, Seigneur ».
Ecoutez
le commentaire du Père Pascal Montavit :
L’Evangile
de ce quatrième dimanche de carême raconte la guérison d’un aveugle de naissance par
Jésus. Il y a dans ce récit plusieurs dialogues qui nous permettent de mieux comprendre
la portée de ce miracle. Ecoutons-les attentivement.
Tout d’abord les disciples
demandent à Jésus qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? Jésus
répond : « Ni lui ni ses parents n’ont péché, mais c’est afin que soient manifestées
en lui les œuvres de Dieu » (Jn 9,3). La question des disciples a du sens. Rappelons
que Jésus lui-même a dit à l’infirme à la piscine de Bethesda : « Te voilà guéri ;
ne pèche plus, de peur qu’il ne t’arrive pire encore » (Jn 5,14). Certaines maladies
sont donc dues au péché, mais pas toutes. Il est évident qu’un homme rempli de colère
et de rancune risque fort de tomber malade. Ne dit-on pas d’ailleurs : « Cela me rend
malade ! » ? Soyons prudents toutefois de ne pas établir de lien de cause à effet
trop vite. Lorsque nous sommes malades, nous pouvons simplement nous demander si le
Seigneur ne nous invite pas, par là, à un chemin de conversion.
Vient ensuite
une succession de dialogues où l’aveugle guéri est interrogé. Nous avons là un bel
exemple de ce qu’est un témoignage. L’aveugle répète plusieurs fois : « Il m’a appliqué
de la boue sur les yeux, je me suis lavé et je vois » (Jn 9,15). Il ne cherche donc
pas à convertir ses auditeurs, car Dieu seul convertit les cœurs mais il dit simplement
et objectivement ce que Dieu a fait pour lui. Parfois nous avons peur d’évangéliser
parce que nous voulons trop en faire ou alors nous avons peur de l’échec, d’essuyer
un refus. Mais évangéliser consiste seulement à dire ce que le Seigneur fait dans
ma vie. La portée et le fruit de ces paroles appartiennent à Dieu.
Un autre
enseignement important de ce récit est donné par le cheminement de l’aveugle-né. Ce
n’est pas lui qui va vers Jésus mais l’inverse. Jésus fait de la boue et lui dit «
Va te laver à la piscine de Siloé » (Jn 9,7). Le seul acte méritoire de l’aveugle-né
est d’avoir obéi à cet ordre. Lorsqu’il raconte son histoire pour la première fois,
il dit « L’homme qu’on appelle Jésus » (Jn 9,11), puis, plus tard, il dira « C’est
un prophète ». Enfin, lorsqu’il rencontrera de nouveau Jésus, à la question : « Crois-tu
au Fils de l’homme ? » (Jn 9,35), il répondra : « Je crois, Seigneur » (Jn 9,38).
Cette guérison accordée gratuitement par Jésus ouvre sur une véritable conversion
et confession de Jésus comme Messie. A l’inverse, les pharisiens s’enferment toujours
plus dans leur refus de croire si bien que Jésus dira : « C’est pour un discernement
que je suis venu en ce monde : pour que ceux qui ne voient pas voient et que ceux
qui voient deviennent aveugles » (Jn 9,39).
Cet évangile manifeste le désir
de Dieu de nous recréer. Pour guérir l’aveugle-né, Jésus fait de la boue avec sa salive
et enduit les yeux de l’aveugle. Il y a là une évocation claire du récit de la Genèse.
L’homme est créé par la glaise et par le souffle de Dieu. Ce que Jésus est venu faire
parmi les hommes, c’est nous guérir de nos maladies et nous recréer pour que nous
entrions dans la vie éternelle. Renaître à la vie implique aussi un cheminement où
nous découvrons qui est Jésus. Il est d’abord celui que les autres appellent ‘Jésus’,
puis un ‘prophète’ et enfin le ‘Fils de l’homme’, c’est à dire le Messie.
En
ce temps de carême, demandons au Seigneur de faire un pas supplémentaire dans notre
confession de Jésus, Fils de Dieu, Sauveur des hommes afin que nous aussi nous soyons
guéris de nos cécités spirituelles.