Accélération de la numérisation des trésors de la Bibliothèque vaticane

(RV) Numériser les manuscrits pour mieux les conserver. Ou comment la technologie la plus moderne permet aux bibliothèques de préserver des trésors de la culture et de l’histoire. La Bibliothèque du Vatican et l’entreprise japonaise NTT DATA ont signé ce jeudi au Vatican un accord pour numériser dans les quatre prochaines années trois mille manuscrits. Cette opération qui mobilisera à terme une cinquantaine de personnes, personnels de la Bibliothèque vaticane et employés de NTT DATA, s’inscrit dans un processus engagé depuis plusieurs années par le Vatican pour protéger ses inestimables ressources. Les précisions de Xavier Sartre

D’un point de vue technique, l’opération est presque simple : le manuscrit est scanné. Pour cela, trois, puis cinq scanners seront utilisés au cours de cette opération. Le manuscrit sera ensuite archivé sur la base de la technologie de NTTA DATA AMLAD, un système qui consent la gestion et l’enregistrement des métadonnées avec un haut niveau de flexibilité. Les images seront enregistrées sous un format particulier, appelé FITS sur un nuage numérique, « particulièrement efficace en matière de sécurité et de simplicité d’utilisation » selon Patrizio Mapeli, administrateur délégué de NTT DATA EMEA.

Concernant l’utilisation de toutes ces images ainsi obtenues, toute personne se connectant au site de la Bibliothèque vaticane aura accès aux documents. Pour le moment ils ne sont que trois cents environ. Mais entre le moment où ils sont scannés et stockés et leur mise en ligne, il y a un délai assez important, a précisé Mgr Cesare Pasini, le Préfet de la Bibliothèque.

15 000 manuscrits scannés d'ici 2018

Selon l’accord signé jeudi au Vatican entre la Bibliothèque vaticane et l’entreprise japonaise, trois mille manuscrits seront traités dans un premier temps. En comptant les manuscrits qui ont déjà été scannés par d’autres opérateurs de moindre envergure, soit environ 6800, plus tous ceux qui seront scannés d’ici 2018 par tous les acteurs impliqués, quinze mille manuscrits seront ainsi traités.

« La numérisation permet de conserver dans de meilleures conditions et en plus grand nombre les documents que nous avons », explique Mgr Jean-Louis Bruguès, l’Archiviste et Bibliothécaire de la Sainte Eglise Romaine. « Le deuxième objectif est de mettre à la disposition du plus grand nombre les ouvrages qui se trouvent à la Bibliothèque. En ce moment nous ne parlons que de manuscrits. Ils sont évidemment plus rares et plus originaux. Nous avons des manuscrits qui n’existent pas ailleurs. Donc mettre à disposition du plus grand nombre, en ligne, est une nouveauté. Cela veut dire que ces trésors du Vatican seront accessibles à n’importe qui dans le monde entier » ajoute-t-il.

Partenariat gagnant-gagnant

C’est un travail de longue haleine : la Bibliothèque vaticane compte 82 000 manuscrits, ce qui représente 43 millions de pages, soit 43 péta bytes, autrement dit, 43 millions de milliards de bytes. Devant l’ampleur de la tâche, la Bibliothèque vaticane a donc décidé d’accélérer le processus et a ainsi accepté la proposition de NTT DATA. « Il y a au Japon, une vraie culture humaniste. Lors des premiers contacts que nous avons eu avec ces entreprises japonaises, elles nous ont dit : “il n’y a pas de chrétiens parmi nous mais la perspective humaniste qui caractérise la Bibliothèque du Vatican depuis sa fondation au milieu du XVe siècle, nous intéresse et nous voulons lui rendre ce service.” Ce sont ces entreprises qui ont pris l’initiative », précise Mgr Bruguès.

En tout, NTT DATA va investir au cours des quatre prochaines années 18 millions d’euros, coûts du personnel inclus. Une bonne opération soit pour la Bibliothèque vaticane qui bénéficie ainsi de l’expertise de l’entreprise japonaise, soit pour NTT. « L’entreprise qui fait cet enregistrement le fait au titre d’un mécénat culturel mais espère bien aussi prouver à d’autres institutions, la qualité de ce qu’elle fait et donc cela lui sert de publicité », reconnait le Bibliothécaire du Pape.