Les religions s'unissent en mémoire de Chiara Lubich
(RV) Entretien - Une semaine de dialogue interreligieux riche pour le Vatican.
Lundi, un représentant de l’Université d’Al-Azhar, la plus haute institution de l’islam
sunnite, signait un accord, avec plusieurs autres confessions, pour lutter contre
l’esclavage et la traite d’êtres humains. Sa présence témoignait de relations détendues
avec le Saint-Siège.
Deux jours plus tard, le Pape François recevait les représentants
de huit religions, provenant d’une vingtaine de pays. Ils représentaient les 250 participants
à la conférence « Chiara et les religions : ensemble vers l’unité de la famille
humaine ». Chiara, comme Chiara Lubich, la fondatrice du mouvement des Focolari.
Le groupe interreligieux était accompagné par le cardinal Jean-Louis Tauran, le président
du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux.
Les précisions d’Antonino
Galofaro
Le dialogue
interreligieux, le Pontife le promouvait déjà en Argentine, quand il était l’archevêque
de Buenos Aires. Face à lui pendant de nombreuses années, le rabbin argentin Silvina
Tchémène explique aujourd'hui à Rome que le cardinal Jorge Mario Bergoglio était pour
elle un « interlocuteur comme les autres ». « Dans chacun de ses discours,
il rappelait l’importance d’être ensemble, la cohabitation, la fraternité », ajoute
le rabbin.
Six ans plus tôt, de nombreuses confessions se retrouvaient à Buenos
Aires dans un même lieu, pour la messe en mémoire de Chiara Lubich, juste après sa
mort. « Les chrétiens ont célébré la messe en présence de chaque rite, se rappelle
Silvina Tchémène. Puis ensuite, chaque religion a eu droit à une tribune, l’opportunité
d’exprimer sa peine, mais aussi son engagement envers Chiara Lubich, sa lumière et
son chemin ».
A Rome, ce sont quelques 250 personnes de huit religions
différentes qui ont dialogué ensemble cette semaine. Ils représentent une vingtaine
de pays, et donc autant de réalités du dialogue interreligieux, comme pour Chiémène,
une religieuse bouddhiste taïwanaise qui vit au Sri Lanka.
« Comme je représente
une branche du bouddhisme, ce n’est pas très facile, explique-t-elle, car une
autre branche sri-lankaise a sa propre croyance. Ce n’est pas très facile de leur
apporter mon message. J’essaie de promouvoir ce qu’on est en train de faire, un bouddhisme
humaniste, un bouddhisme dans un monde humain. »
Réunir autant de confessions
est une première pour le mouvement des Focolari. Jusqu’à présent, les discussions
étaient bilatérales, si l’on peut dire. Pour la première fois pour les Focolari, une
pluralité de traditions religieuses se retrouve ensemble au Vatican. Avec donc son
lot de difficultés : « Il faut tout recommencer à nouveau, car nous avons compris
qu’il y a beaucoup de préjudices des uns envers les autres, regrette le rabbin
argentin. Nous n’avons par exemple aucun contact avec les bouddhistes, avec les
hindous, avec les sikhs. Pour nous, ce sont de nouveaux mondes, de nouveaux points
de vue, de nouvelles croyances. »
Le mouvement des Focolari a appelé à
reprendre l’invitation de leur fondatrice : « tourner toujours son regard vers
tous les enfants du Père unique. » Contribuer à la réalisation de l’unité du monde,
que tous les Hommes, frères et sœurs, donnent vie ensemble à la paix et à l’harmonie
universelle : c’était justement le rêve, l’objectif de Chiara Lubich, disparue en
2008.