2014-03-18 08:22:40

L’islam radical, une dérive sectaire


(RV) Entretien - Les cas d’adolescents français ou belges partis faire le djihad en Syrie au sein de groupes radicaux suscitent beaucoup d’émotion et d’incompréhension depuis quelques mois, en France et en Belgique notamment. Ces jeunes venus de milieux très différents s’engagent dans des processus de radicalisation qui suscitent parfois la stupeur de leur entourage, d’autant plus que le phénomène ne concerne pas que des jeunes issus de familles musulmanes.

Interrogée par Cyprien Viet, Dounia Bouzar, anthropologue du fait religieux et membre de l’observatoire de la laïcité a étudié ce phénomène. Elle est l’auteur du livre Désamorcer l’islam radical, ces dérives sectaires qui défigurent l’islam, paru en janvier aux éditions de l’Atelier. RealAudioMP3

« L’islam radical se développe principalement dans les sociétés sécularisées qui ne gèrent pas le religieux, où il n’y a pas de régulation sur ce que dit le religieux. C’est donc la sphère européenne particulièrement qui est concernée, » explique Dounia Bouzar. Concernant plus spécifiquement la France, « il y a un grand amalgame entre les musulmans pratiquants et les radicaux, qui mène à considérer tout pratiquant comme un intégriste et paradoxalement, mène au laxisme envers les radicaux que le gouvernement peut, sans le vouloir, valider comme de simples pratiquants orthodoxes. »

Remobiliser la raison des jeunes endoctrinés

Selon l’anthropologue, les sociétés européennes sont confrontées à un phénomène de type sectaire. « Les jeunes qui sont enrôlés dans l’islam radical n’ont aucune démarche théologique ou spirituelle, » explique-t-elle. Afin d’éviter qu’ils ne sautent le pas et ne partent combattre, il faut mettre en place un désendoctrinement. « Il faut faire revivre le jeune en tant qu’individu, puisque le discours de l’islam radical essaie de détruire l’histoire du jeune, lui demande de détruire les photos de famille comme si cela allait le détourner de Dieu, remplace la réflexion par le mimétisme ; les jeunes sont presque dans un état d’hypnose. Il s’agit donc de remobiliser quelque chose de l’individu pour retrouver sa raison, son histoire, sa famille ».

Pour Dounia Bouzar, une vision trop restrictive de la laïcité empêche les autorités françaises de réellement prendre la mesure de ce phénomène. Elle considère que toutes les religions doivent lutter ensemble contre ces embrigadements sectaires et s’aider mutuellement à combattre l’ intégrisme.

Photo : Mohammed Achamlane, le 27 janvier 2012, à Paris. Chef de file d'un groupe islamiste radical, Forsane Alizza. Il a été arrêté le 30 mars 2012 après la série de meurtres commise par Mohamed Merah.







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