Les évêques argentins veulent une politique contre le narcotrafic
Le porte-parole de la conférence épiscopale, Jorge Oesterhel, interpelle la présidente
argentine Cristina Kirchner, en assurant que l’Eglise insistera pour que la lutte
contre le trafic de drogue devienne « une priorité politique de l’Etat, surtout
que les lois existent mais ne sont pas appliquées » Il demande des « mesures
urgentes » contre la « croissance alarmante du business de la drogue »
dans le pays, en se référant à une série de nouvelles qui ont fait la une des médias
argentins.
A Rosario, la troisième ville du pays, considérée comme un centre
névralgique du trafic de la drogue, la police a découvert une base du cartel de Los
Monos. La logistique de la bande avait même pensé à un tunnel pour permettre de fuir
en cas de descente de police et l’utilisation de pigeons voyageurs pour les communications
entre les membres du cartel.
A Buenos Aires, la presse révèle par ailleurs
depuis plusieurs jours les détails de l’enquête sur l’assassinat de Carlos Gutierrez,
un colombien qui aurait été lié au trafic de drogue en Argentine, tué froidement dans
la rue alors qu’il circulait à bicyclette à Palermo, un quartier très chic de la ville
: pour la police il s’agirait bien d’une exécution commanditée à la suite d’un marché
lié à la drogue qui a mal tourné.
L'Argentine s'est « mexicanisée » ces
deux dernières décennies
L’Argentine est devenue le troisième plus gros
pays exportateur de cocaïne du continent américain, selon l’Office des Nations unies
contre la drogue et le crime (UNDOC). Des phénomènes inédits de délinquance, comme
les exécutions en série - toutes des affaires non élucidées - en sus de l’augmentation
du trafic de drogue, font du pays austral le nouveau narco-Etat du continent américain.
Insensiblement, au cours de ces deux dernières décennies de gouvernements essentiellement
péronistes, le pays s’est « mexicanisé », offrant une porte de sortie aux cartels
colombiens et mexicains, mais aussi à la drogue transitant, voire produite, par le
Brésil, la Bolivie, le Paraguay ou le Chili.
Le phénomène s’est accéléré au
cours de ces dix dernières années de pouvoir du couple Kirchner, Nestor puis Cristina.
Le trafic de la cocaïne produite dans les Andes, passant historiquement par l'Argentine,
avant de prendre la direction des Etats-Unis et l'Europe, demeure et augmente. Les
saisies se multiplient. Les trafiquants de drogue savent que la surveillance de l'Argentine,
grande comme 5 fois la France, de ses 10.000 km de frontières et 5.000 km de côtes
est un atout, face à des forces de police souvent corrompues, voire complices. De
plus des laboratoires de production de cocaïne fleurissent depuis peu dans le pays
et alarment la société. En 2013, une dizaine de laboratoires ont été démantelés.