(RV) Entretien - Depuis sa première rencontre avec les fidèles, au soir du
13 mars 2013, le Pape François a écrit sa première exhortation apostolique Evangelii
Gaudium (la joie de l’Evangile), il s’est rendu au Brésil pour les JMJ et a entrepris
de nombreux chantiers notamment l’assainissement de l’administration du Saint-Siège.
Le Pape a aussi mis l’accent sur la miséricorde, invité les catholiques à aller vers
les « périphéries » de la société et exhorté le clergé dans son ensemble à
être avant tout « au service ».
Un an après son élection le pape argentin
continue de surprendre et de susciter un véritable engouement planétaire tant chez
les croyants que chez les non croyants. Comment l’expliquer ? Écoutez le cardinal
Philippe Barbarin, l'archevêque de Lyon :
Pour
moi, ce monsieur est très bien résumé dans le titre de son exhortation apostolique.
Le Pape François, c’est quoi ? Le Pape François, c’est l’Evangelii Gaudium. Ce bonhomme,
c’est la joie de l’Évangile et ça suffit. Quand il a choisi ce titre, il a dit « Tiens,
il a donné un beau titre à toute sa vie ». En fait, c’est ça. C’est-à-dire que je
vois dans le monde entier que ce gars-là, c’est la joie de l’Évangile en blanc, sur
pied, en chair et en os. Mais les gens sont touchés partout, même en Chine, les chrétiens
et les pas chrétiens du tout. Ils ont vu que dans cet homme-là, il y a la joie de
l’Évangile. C’est pour cela que j’ai été très heureux quand j’ai vu le titre qu’il
a choisi. Ce n’est certainement pas conscient mais il a donné un beau titre à tout
son pontificat.
C’est le pasteur, c’est le Pape dont le monde avait besoin
aujourd’hui ? Ça parait une hypothèse mais j’aurais dit ça d’un autre aussi.
Celui que le bon Dieu nous envoie, c’est celui dont on a besoin. Mais après, il a
ses actions à lui qui sont majeures. Par exemple, il dit : « Allez, il faut sortir
parce que Jésus est sorti le matin, bien avant le jour. Il sortait à la face de Dieu
donc tu vas sortir tous les matins pour prier ». C’est pour cela que je suis sorti.
« Il sort dans les villages. Le semeur est sorti pour semer. Donc, s’il vous plait
sortez jusque dans les périphéries ». On voit que le verbe « sortir » est profondément
évangélique, même trinitaire. C’est Dieu qui est sorti de la trinité pour venir chez
nous. Ça doit être pour nous le point de départ de notre mission. Et puis après, dans
son exhortation apostolique, le titre du chapitre premier, c’est « La transformation
missionnaire de l’Église ». C’est pas mal comme programme. C’est-à-dire « Attention
! l’Église a toujours tendance à devenir un petit peu patapouf, a toujours tendance
à faire la sieste. Ce qui est normal, il y a une espèce de petite paresse ou habitude.
On a toujours fait comme cela ». Il canonne contre cela, il se met en colère en disant
: « Arrêtez de me dire on a toujours fait comme cela».
On voit qu’il veut
bouger l’Église. Ce que j’aime bien, c’est qu’il n’est pas accusateur et que tout
le monde se dit « Oui, il faudrait que je fasse un petit effort ». Tous les baptisés,
quel que soit leur stade : « Oui, je suis quand même un chrétien un petit peu endormi
». Moi, je suis le cardinal mais je me dis « Oui, je suis quand même un peu endormi
». Mais je pense que les prêtres et les laïcs aussi . tout le monde se dit « Si j’étais
plus évangélique, si j’étais plus dans la joie de l’Évangile, ce serait mieux pour
moi, ce serait mieux pour les autres, ce serait mieux pour ma famille, etc… » Il y
a un moment, je crois que c’est au numéro cinq, il dit « Mais pourquoi est-ce qu’on
ne va pas boire à la source de la joie puisqu’il y a une telle source en train de
jaillir ? Pourquoi on ne va pas tous s’y altérer ? C’est le genre d’arguments irréfutables
où on dit « Oui, Monsieur le Pape, vous avez raison ».
Photo : le cardinal
Barbarin entrant à vélo au Vatican durant le Conclave