Que veut Boko Haram ? L'archevêque d'Abuja s'interroge
(RV) Entretien - Au Nigéria, la présidence parle désormais de « situation de
guerre » dans le Nord-Est du pays. Depuis l’état d’urgence instauré en mai dernier
dans les Etats de Borno, Yobe et Adamawa, 300 000 personnes ont fui leurs villes et
villages, la moitié sont des enfants. Les violences sont reparties à la hausse depuis
le début de l’année. On compte au moins 450 personnes, des civils pour la plupart,
tuées par le groupe islamiste Boko Haram. Il y a eu encore 85 morts ce weekend. Marie
Duhamel :
De
nombreux cadavres seraient toujours enfouis sous les décombres. Plus de 20 maisons
et magasins ont été rasés par les déflagrations. Sur la route reliant Maiduguri l’Etat
de Yobe, les habitants se préparaient à la prière du soir quand la zone entière du
marché d’Alijari Gomari, a été soufflée par l’explosion de deux camionnettes piégées.
Un des modes opératoires de Boko Haram. L’autre ? L’assaut, comme ce fut le cas samedi
dans la localité de Mainok : des dizaines d'assaillants vêtus d'uniformes de l'armée
et circulant à bord de 4X4 ont attaqué le village à la grenade et au fusil-mitrailleur.
Qui sont ces hommes et que veulent-ils donc ? L’archevêque d’Abuja s’interroge.
On écoute le cardinal John Onaiyekan :
Petite
secte avec pignon sur rue à Maiduguri il y a 5 ans, les islamistes de Boko Haram ont
commencé à s’en prendre, peut-être sous influence étrangère, à ceux qu’ils jugeaient
être de mauvais musulmans, puis aux chrétiens indistinctement. On se mit à parler
d’eux dans la presse internationale, le gouvernement fut poussé à l’action. Problème,
l’armée déployée dans le nord du Nigeria ne fut pas, et c’est un euphémisme, précautionneuse.
Le cardinal Onayekan :
La
défense, un cinquième du budget de l'Etat
Changement de stratégie pour
les militaires. Pour enrayer leur manque de popularité et donc de soutien parmi la
population, ils ont entrainé des jeunes hommes pour former des milices luttant avec
eux contre Boko Haram, le JTF civilians. Mieux informés, l’armée recourt maintenant
à des bombardements, pour la première fois depuis la guerre du Biafra en 1970. Aujourd’hui,
un cinquième du budget de l’Etat serait réservé à la défense. Le cardinal Onayekan
:
Sans doute
aussi pour des motifs de corruption, l’argent débloqué pour les forces de sécurité
ne parvient pas à imposer la paix, toute comme le quadrillage du terrain dans les
trois états du nord. Pour l’archevêque d’Abuja, la solution doit aussi passer par
le dialogue. Le cardinal Onayekan :
Samedi, à
l’occasion de la visite de François Hollande au Nigeria, la France déjà engagée au
Mali et en Centrafrique a promis son concours à Abuja à chaque fois que ce sera nécessaire.
Boko Haram a été impliqué ces derniers mois dans l’enlèvement de plusieurs étrangers
à la frontière avec la Cameroun, dont le prêtre français, Georges Vandenbeusch.
Photo
: Débris du double attentat de samedi à Alijari Gomari près de Maiduguri