2014-02-28 14:49:57

Le défi des communicateurs catholiques en République démocratique du Congo


(RV) Entretien - Le Congrés de Signis se tient cette semaine à Rome. Cette organisation qui fédère des communicateurs catholiques du monde entier réunit 300 délégués venus de 80 pays sur le thème « Les médias pour une culture de paix : créer des images avec la nouvelle génération ».

Porter un regard sur le monde de l’information et de la culture imprégné par la foi catholique s’avère de plus en plus difficile dans un paysage médiatique très éclaté. C’est particulièrement vrai en République démocratique du Congo, pays marqué par une progression des radios pentecôtistes et pqr de nombreux conflits qui rendent les déplacements et les communications difficiles.

Parmi les participants à ce Congrès, le professeur Lino Pungi, de l’université catholique de Kinshasa, est le président du réseau Signis en République démocratique du Congo. Interrogé par Cyprien Viet, il s’inquiète du manque de moyens des médias catholiques et leur difficulté à se coordonner dans un pays aussi vaste. RealAudioMP3

Pour l’instant, à dire sincèrement, il n’y a pas encore de cohésion stricte. Il existe une Commission épiscopale des communications sociales qui essaye un peu de créer le réseau. Par exemple, au niveau de la radio diocésaine, on en a plus ou moins 33 aujourd’hui et concernant cette télévision catholique , il y a un projet de mettre toutes les radios catholiques en réseau mais il n’a pas encore commencer. Mais jusque-là on essaye de travailler : soit on profite des réunions organisées par Signis, soit c’est la Commission épiscopale des communications sociales qui organise la réunion. Alors, les gens se retrouvent pour échanger.
Le réseau mondial dont dispose Signis vous accompagne aussi au niveau de la formation, au niveau du matériel, des choses techniques. Comment cela fonctionne-t-il ?
Oui, la Propanda Fide finance un certain nombre de projets dont le screening est fait par Signis. Donc, c’est de cette façon-là que certaines radios et télévisions se sont mis à d’autres activités qui sont financés dans le champ de la communication.
Est-ce qu’en RDC ( République Démocratique du Congo) les réseaux sociaux (Facebook, twitter, internet), ça entre aussi en jeu dans la manière de communiquer pour les jeunes catholiques ?
Pour les jeunes, oui. Mais c’est justement que ce l’on cherche à réorganiser. On cherche à réorganiser les choses de cette façon-là. On y est pas encore tout à fait arrivé mais on essaye de mieux capitaliser les réseaux sociaux. C’est vrai qu’il faut twitter, il faut être convivial…mais parfois aussi, aller vers des contenus plus formatifs, plus édifiants que juste rester dans une conversation banale.
Je crois que la RDC est le pays du monde qui compte le plus d’Églises de dénomination différente. Dans tout ce paysage, est-ce que l’Église catholique arrive à faire entendre sa voix malgré l’éclatement des familles ?
Oui, je pense que jusque-là, l’Église est encore une référence mais on doit faire attention parce qu’il y a une érosion démographique. Je crois que beaucoup de jeunes générations sont dans les églises de réveil plutôt que dans les églises catholiques, sauf des familles vraiment catholiques. Mais de manière générale, on commence quand même à sentir une réduction du nombre de jeunes dans les églises catholiques. Les églises font encore le plein mais il faut un peu regarder la relation avec le taux de croissance. Je donne un exemple : sur 1000 jeunes de 15 à 20 ans, il y a peut-être 20 ou 30% qui vont à l’église catholique et le reste, ils vont dans les Églises du réveil. Pourtant, les générations d’avant, c’était aux alentours de 40% des catholiques. Donc, on doit essayer de faire plus que cela.
La radio, la télévision sont des bons moyens pour essayer de toucher la plus large population possible ?
Oui mais il ne faut pas oublier que les radios pentecôtistes sont plus nombreuses. Par exemple, dans un diocèse, on peut avoir juste une radio diocésaine. Mais les radios évangéliques ou néo-pentecôtistes sont peut-être 5 ou 10. Elles utilisent peut-être des techniques de marketing, que nous, on a pas tout à fait bien maitrisées. Le marketing, je veux dire au niveau de la parole, au niveau des images, peut-être qu’on a pas encore trouvé. Donc, il y a quand même un enjeu important, un défi à relever par rapport à toutes ces Églises qui naissent et qui ont des moyens matériels ou qui ont des formes de mobilisation de fonds que nous les catholiques, on n’a pas. Il faut reconnaître qu’un certain nombre de radios diocésaines qui sont dans l’hinterland, donc à l’intérieur du pays, ont des difficultès à fonctionner, faute de moyens pour acheter le carburant, parfois pour payer les taxes, pour payer le personnel de qualité. Donc, il y a un défi énorme de mobilisation de ressources qui est demandé.
Le réseau de solidarité mondiale qu’offre Signis est peut-être aussi un appui qui peut être précieux pour ce type de structure ?
Précieux, je ne pense pas, parce que les moyens se sont réduits, vous le savez. D’ailleurs, on vient d’en parler, là, pour voir un peu comment on peut aller vers plus d’autonomie. Comment aller vers plus d’auto-prise en charge ? Ce n’est pas évident. Donc, on ne peut pas vivre que de ça. Parfois, il y a cette illusion. On pense que les moyens venant d’ailleurs, surtout de Propaganda Fide, vont suffire mais je pense que la réalité, c’est plus dur que cela.



Photo : une manifestation pour la paix organisée par l'Eglise catholique de RDC en aout 2012







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