L'agriculture familiale, un levier pour l'économie locale
(RV) « La paix est fondamentale pour la sécurité alimentaire, comme la sécurité
alimentaire est fondamentale pour le maintien de la paix » C’est par ces mots
que le directeur général de la FAO José Graziano da Silva a ouvert les discussions
lors de la Conférence régionale pour le Proche-Orient et l'Afrique du Nord de l’organisation
des Nations-Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture. Une phrase à l’écho particulier,
dans une région marquée par la guerre en Syrie et les transitions politiques liées
aux printemps arabes.
Cette réunion est censée préparer la prochaine conférence
générale de la FAO en 2015. Cette année, l'accent est mis sur l'agriculture familiale
(à laquelle l'année 2014 est dédiée), dont la dynamique est liée directement à la
sécurité alimentaire. Dans le monde, 80 % des exploitations agricoles sont familiales.
Au Proche-Orient et en Afrique, elle fait vivre 40 % des travailleurs. La volonté
de la FAO est de développer le cercle vertueux de l'agriculture familiale pour l'économie
locale, les petits exploitants dépensant leurs ressources dans un circuit court (commerçants
de proximité, réparateurs locaux, etc.).
Le reportage à la FAO de Jean-Baptiste
Cocagne
Deux aspects
sont à prendre en compte aujourd'hui dans la région : la féminisation de ce secteur
et le vieillissement des exploitants. Selon Benoît Horemans, coordinateur de la FAO
en Tunisie, « beaucoup de femmes tunisiennes sont à la tête des exploitations car
leurs maris sont partis soit dans le Golfe Persique, soit vers le littoral tunisien
», pour des emplois dans le tourisme. La vulgarisation et la formation vers ces
femmes agricultrices est donc l'un des enjeux locaux pour la FAO.
Autre problème
en Tunisie : plus de 50 % des exploitants ont plus de 60 ans, « un paradoxe quand
on voit le chômage élevé des jeunes » dans le pays, relève Benoît Horemans.Tout
le travail de la FAO doit « élargir les horizons professionnels pour ces jeunes
: ne plus parler seulement de la production agricole en elle-même, mais voir la filière
en entier, y compris la transformation et la commercialisation des produits agricoles
».
Le gaspillage alimentaire accentue la pénurie d'eau
Plus globalement,
la FAO souhaite porter ses efforts sur la réduction du gaspillage alimentaire. Dans
certains pays, jusqu’à un tiers des aliments produits est perdu avant consommation.
Les raisons sont multiples : manque de stratégie politique globale, techniques peu
performantes ou manques de structures réfrigérées. Un enjeu d'autant plus criant dans
une région comme le Proche-Orient où les ressources naturelles en eau sont très faibles.
Selon Mohamed Bezza, responsable eau et irrigation à la FAO, « on ne se rend pas
compte que toute perte d'aliment, que ce soit au moment de la récolte jusque dans
l'assiette, représente une perte en eau. Et tout ce qui touche à cette eau rare chère
touche tous les aspects de la vie ». La FAO cherche ainsi à favoriser la coopération
régionale entre les pays pour mieux faire face à ce problème régional.