2014-02-28 15:19:00

Equateur : regard d'un prêtre sur le revers électoral du président Correa


(RV) Entretien - Le président équatorien Rafael Correa, figure emblématique de la gauche en Amérique latine, vient de subir un véritable revers. Après neuf victoires électorales d´affilée, son mouvement a en effet perdu du terrain lors des élections municipales et locales de dimanche dernier. L´opposition l’a en effet emporté dans plusieurs grandes villes du pays, à commencer par la capitale, Quito où Mauricio Rodas, un jeune avocat de 39 ans, a largement devancé le maire sortant Augusto Barrera, un proche du président. A Guayaquil, seconde ville et important port industriel, l'opposition a aisément conservé son bastion.

Comment expliquer cette défaite cinglante ? Nous avons posé la question au père Pierre Riouffrait, en Equateur depuis 1976. Il travaille dans des secteurs populaires avec les communautés ecclésiales de bases RealAudioMP3

Le président ne laisse pas beaucoup de place aux autres et en particulier, il n’arrive pas à travailler avec les mouvements sociaux. Donc, il y a un certain rejet de sa politique et je pense que cela se marque par les élections dans les grandes villes, surtout dans la capitale. Le président est aussi très agressif vis-à-vis des opposants, en particulier des dirigeants d’organisations sociales, de syndicats. Il fait avancer aussi une politique d’exploitation du pétrole et des mines qui va détruire l’environnement. Donc, le président a un langage intéressant pour changer les choses. Mais la réalité est différente.
Le résultat de cette élection témoigne également d’un essoufflement de sa révolution citoyenne ?
«
La révolution citoyenne » , c’est un grand mot parce qu’on est dans des changements, dans des améliorations matérielles. Citoyenne : Il n’y a pas de participation des gens, il faut le reconnaître. Les gens reçoivent beaucoup de petites aides, des prêts pour beaucoup de choses. Mais en fait, les gens ne deviennent pas les artisans de leur changement. Donc, je pense aussi que c’est un rappel au président, qu’une politique de gauche, comme il dit vouloir mener, c’est mettre les gens en marche et faire en sorte que ce soit eux qui essayent de résoudre avec lui, avec beaucoup d’autres institutions les problèmes qui tombent car la pauvreté est encore à 40% de la population et l’emploi, c’est comme même assez catastrophique, spécialement pour les jeunes !
Cette victoire de la droite dans les trois principales villes et notamment Quito, c’est plus un avertissement-comme vous venez de l’évoquer- au président pour une politique plus participative ou c’est un véritable souhait d’alternance ?
Je pense que les élections de dimanche marquent plus un avertissement au président que de vouloir le destituer. Je pense qu’il y a des alliances à faire avec les partis et avec les organisations sociales qui veulent un changement pour la révolution et la participation des citoyens. Maintenant, je pense aussi qu’au niveau international, il y a certainement les États-Unis, comme c’est actuellement le cas au Venezuela, qui cherchent à déstabiliser le gouvernement, ça c’est certain ! D’ailleurs, le maire qui a été élu à Quito a peut-être des contacts réguliers (on ne sait pas très bien) avec Capriles , donc, l’opposant au régime de Maduro au Venezuela. Il y a certainement une déstabilisation internationale qui est en route et qui se manifeste de cette façon-là aussi. Le financement de beaucoup de groupes et de beaucoup d’ONG vient de l’extérieur et spécialement des États-Unis, ça, c’est évident ! Maintenant, le pays au niveau économique, vit une certaine prospérité. Donc, je pense que de là vient aussi une certaine stabilité.










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