La famille doit être au coeur de la pastorale de l'Eglise
(RV) Des paroles précises, pesées et pensées avec attention : celles du Pape François
aux cardinaux réunis depuis ce jeudi matin en consistoire consacrée à la famille,
« cellule fondamentale de la société humaine ». C’est l’analyse faite par le
père Federico Lombardi, directeur de la Salle de Presse du Saint-Siège après la première
matinée de travail, rythmée par un salut du doyen du collège cardinalice, le cardinal
Angelo Sodano, par le salut du Pape et par le rapport du cardinal Kasper sur la famille.
C’est une véritable feuille de route que le Pape a donné aux cardinaux. Il
a rappelé que « la famille représente dans le monde comme le reflet de Dieu, Un
et Trine » avant d’expliquer les buts de ce consistoire. « Notre réflexion
se souviendra toujours de la beauté de la famille et du mariage, de la grandeur de
cette réalité humaine à la fois si simple et si riche, faite de joies et d’espérances,
de peines et de souffrances, comme toute la vie. Nous chercherons à approfondir la
théologie de la famille et la pastorale que nous devons mettre en œuvre dans les conditions
actuelles. » Il a également précisé la manière dont les cardinaux devaient travailler
: « Faisons-le en profondeur et sans tomber dans la “casuistique”, parce qu’elle
ferait inévitablement abaisser le niveau de notre travail. La famille aujourd’hui
est dépréciée, elle est maltraitée, et ce qui nous est demandé, c’est de reconnaître
combien il est beau, vrai et bon de former une famille, d’être une famille aujourd’hui
; combien c’est indispensable pour la vie du monde, pour l’avenir de l’humanité
».
Le Cardinal Kasper a tracé les lignes de réflexion
Les cardinaux
ont pu ensuite écouter l’introduction du cardinal Kasper. « Regarder avec réalisme
la réalité de la famille, afin d’arriver à voir quels sont les problèmes de la pastorale
d’aujourd’hui, sans se focaliser pour autant sur des problèmes bien particuliers.
» C’est le sens des paroles du cardinal, qui s’accordent parfaitement à celles du
Pape. « Nous devons contribuer par les mots et les actes à faire en sorte que les
personnes trouvent leur bonheur dans la famille et qu’ainsi elles puissent témoigner
de leur joie aux autres familles » a notamment déclaré le cardinal. « Nous devons
comprendre la famille comme une Eglise domestique, la rendre la voie privilégiée de
la nouvelle évangélisation, du renouvellement de l’Eglise, une Eglise qui est en chemin
auprès des gens et avec les gens ». « Les familles sont un terrain d’essai
de la pastorale et l’urgence de la nouvelle évangélisation, la famille est le futur
».
Dans ce long discours, le cardinal Kasper est notamment revenu sur
la notion de gradualité, entendue comme « croissance dans la compréhension et dans
la réalisation de la loi de l’Evangile qui est une loi de liberté. » Il faut accompagner
les familles à travers toutes leurs épreuves. Parmi celles-ci, le divorce. Le cardinal
n’a pas esquivé la question, rappelant le défi de « maintenir ensemble le binôme
indissoluble de la fidélité à la parole de Jésus et de la miséricorde, de la compréhension
de la miséricorde de Dieu, dans la vie des personnes et par conséquent dans l’action
pastorale de l’Eglise. »
Prise ainsi en étau entre le rigorisme et le laxisme,
l’Eglise doit réfléchir, selon le cardinal, si la voie de la pénitence ne pourrait
pas être une solution dans les situations difficiles. Mais le cardinal Kasper n’a
pas donné de solution, mais juste indiqué des pistes de réflexion, réflexion qui se
poursuivra de toute façon bien au-delà du consistoire, lors du synode en octobre prochain.