(RV) Entretien - Voilà une initiative concrète en faveur de l’œcuménisme, celle
menée par l’archevêque de Canterbury, Justin Welby, le chef de l’Église anglicane.
Il a invité la communauté œcuménique du Chemin Neuf à venir s’installer chez lui,
au palais de Lambeth, à Londres. Depuis janvier, quatre membres de la communauté,
un couple marié d’anglicans, un luthérien et une sœur consacrée catholique, partagent
les prières quotidiennes qui rythment la journée de l’archevêque qui a voulu, par
ce geste, travailler à la réalisation de l’unité des chrétiens. Le frère Laurent
Fabre, le fondateur et le supérieur général de la communauté du Chemin Neuf revient
sur cette initiative avec Philippa Hitchen, de la rédaction anglophone :
Comment
voyez-vous cette initiative à laquelle vous participez ? Depuis 1534, l’Église
anglicane et l’Église catholique sont divisées. Ça fait 480 ans. Ce que nous vivons
est un peu quelque chose de significatif. C’est petit mais c’est un petit commencement.
Et ça réjouit beaucoup de gens : par exemple le Pape, ou beaucoup d’anglicans que
je connais, et en particulier, le nouvel archevêque de Westminster qui est devenu
cardinal. Au fond, c’est un petit évènement mais qui nous donne de l’espérance. Il
y a des points communs entre deux hommes aussi différents que Justin Welby et le Pape
François : pour tous les deux, c’était une élection surprise. Tous les deux sont assez
populaires et très aimés. Tous les deux ont envie d’aller plus loin au niveau de l’unité.
Et comme tous les deux sont des hommes de prière, on peut s’attendre à des surprises
comme avait déjà prévenu l’archevêque Justin Welby au Vatican.
C’est très
étrange mais ces hommes si différents ont beaucoup de points communs. D’abord, l’amour
des plus pauvres. Deuxièmement, l’amour de la vie communautaire. Si le Pape souhaite
vivre là où il est et non pas dans son grand palais, c’est parce qu’il ne veut pas
être tout seul. De même pour Justin Welby, s’il nous a invités, c’est parce qu’il
ne veut pas vivre tout seul. Et tous les deux sont des hommes de décision. Quand l’archevêque
Justin Welby et le Pape se sont rencontrés, ce jour-là, nous avons prié et jeuné parce
qu’on savait que c’était une rencontre importante.
Quel est le projet de
cette communauté œcuménique ? Comment s’est fondée cette communauté ? Notre
communauté a quarante ans. Pour une communauté, c’est très jeune. Depuis quarante
ans, nous sommes une majorité de catholiques mais nous avons toujours accueilli à
part entière d’autres membres d’autres Eglises, avec l’autorisation de leurs Églises.
Pour nous, c’est très important, l’obéissance à nos Eglises. Donc, depuis quarante
ans, nous avons accueilli des membres d’autres Eglises, par exemple des anglicans
mais aussi des orthodoxes, etc… C’est pour nous vraiment un appel à travailler, à
donner notre vie pour l’unité des chrétiens. Actuellement, nous sommes à peu près
1600 et ceux qui s’engagent définitivement, veulent vraiment donner leur vie pour
l’unité des chrétiens parce que pour nous, comme pour beaucoup d’autres, la division
est le grand scandale qui empêche vraiment l’évangélisation.
Est-il vrai
que beaucoup de gens sont très impatients de voir s’accélérer les progrès en vue de
l’unité des chrétiens ? Les leaders, les évêques sont peut-être beaucoup plus en retard
par rapport aux gens normaux dans les Églises ? Moi, j’ai une comparaison que
j’emploie souvent quand je parle à mes frères et sœurs de communauté qui parfois,
eux aussi, sont impatients. Je leur dis : « Maintenant, l’Église, ce n’est pas simplement
une petite barque. Par exemple, l’Église catholique, c’est un milliard deux cent millions
de fidèles. Donc, un gros paquebot, ça met du temps à tourner, ça met du temps à changer
». Et au fond, on peut quand même dire que depuis 1910, depuis le début de l’œcuménisme,
beaucoup de choses ont changé et ça, c’est magnifique ! Donc, je me réjouis du changement
de nos Églises, des institutions, elles changent très vite. Et après 480 ans de séparation,
c’est un petit fait significatif mais important.