(RV) Le Père Pascal Montavit nous propose son commentaire de l'Evangile du dimanche
16 février. Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 5, 17-37
Ecoutez
le commentaire du Père Pascal Montavit
L’Évangile
de ce sixième dimanche du temps ordinaire nous fait méditer sur la loi. Jésus nous
dit qu’il n’est « pas venu l’abolir mais l’accomplir » (Mt 5,17). Comme le montre
la suite du discours, Jésus enseigne que ses disciples sont toujours appelés à suivre
une certaine forme de conduite. Mais il ne s’agit plus de respecter les lois mosaïques.
Les pharisiens sont ceux qui s’attachent avant tout à cette loi et Jésus nous dit
que si notre justice ne surpasse pas la leur, alors nous n’entrerons pas dans le Royaume
des Cieux (Mt 5,20). De fait, notre justice nous vient de notre foi en Jésus Christ,
mort sur la Croix pour nos péchés. C’est en croyant en Jésus et en acceptant sa Miséricorde
que nous sommes justifiés.
Cette foi en Jésus entraîne cependant un changement
dans notre comportement quotidien. Comme le dit saint Jacques, une foi sans les œuvres
est une foi morte (Jc 2,17). Dans son discours, Jésus nous montre combien il est important
de lâcher nos fausses croyances pour découvrir celles du Royaume. Il dit : « Vous
avez appris qu’il a été dit aux anciens (…) eh bien moi, je vous dis (…) » (Mt 5,21.27.33).
C’est donc au changement, à un renouvellement de notre esprit que le Seigneur nous
invite. Comme il est parfois difficile d’accepter de remettre en cause ce que nous
croyons être un principe absolu et qui n’est en fait qu’une croyance que nous avons
forgée nous-mêmes pour nous protéger ou en raison de la dureté de notre cœur.
Pour
illustrer sa pensée, Jésus donne plusieurs exemples. Arrêtons-nous sur deux d’entre
eux : la colère et le faux-serment.
Jésus dit : « tout homme qui se met en
colère contre son frère, en répondra au tribunal » (Mt 5,22). Puis il invite celui
qui va présenter son offrande sur l’autel à aller d’abord se réconcilier pour revenir,
ensuite, dans un second temps, présenter son sacrifice. Jésus montre par là qu’il
n’est pas possible de l’honorer, de le louer pleinement si nous entretenons de la
haine pour notre prochain. Dans le même sens, saint Jean dira : « Si quelqu’un dit
: ‘J’aime Dieu’ et qu’il déteste son frère, c’est un menteur » (1 Jn 4,20). Aimer
Dieu et son prochain vont ensemble. Il n’est pas possible de séparer l’un de l’autre.
Jésus dit aussi de ne faire aucun serment « ni par le ciel, car c’est le trône
de Dieu, ni par la terre, car elle est son marchepied, ni par Jérusalem, car elle
est la cité du grand Roi. Et tu ne jureras pas non plus sur ta tête, parce que tu
ne peux pas rendre un seul cheveu blanc ou noir » (Mt 5,35-36). Jésus nous rappelle
que nous sommes des créatures et que le Créateur, c’est Dieu. L’homme peut parfois
avoir la prétention d’asservir la création comme s’il en était lui-même l’auteur,
comme s’il pouvait changer les lois de la nature elle-même. Il s’engage alors à changer
l’ordre des choses. Il prétend dominer la terre grâce aux progrès d’une technique
qu’il croit toujours plus perfectible et donc sans limite. L’homme oublie ainsi qu’il
n’est en fait que le gérant d’une création que le Seigneur lui a confiée. Une bonne
gérance commence par découvrir et accepter les réalités mêmes qui nous sont imposées.
Avec le temps et l’expérience, l’homme découvre alors que cet ordre des choses, voulu
par Dieu, est bon. Le refrain qui jalonne le récit de la Création ne dit pas autre
chose : « et Dieu vit que cela était bon » (Gn 1,3.10.12…).
En ce dimanche,
acceptons de laisser le Seigneur revisiter chacune de nos croyances afin de faire
de nous une créature nouvelle, attentive et respectueuse des dons que le Créateur
nous a faits.