(RV) Entretien - C’est un dialogue historique que la Chine et Taïwan ont instauré
ce mardi. Les représentants spéciaux des deux gouvernements se sont retrouvés dans
une ville symbolique de leur histoire : Nankin, qui fut la capitale du camp nationaliste
(Taïwan) durant la guerre civile.
Wang Yu-chi, l’officiel taïwanais chargé
des relations avec la Chine continentale a affirmé que cette rencontre ouvrait un
« nouveau chapitre » dans l’histoire chinoise. De son côté, Zhang Zhijun, le chef
du Bureau chinois des Affaires taïwanaises a souligné que tant que les deux gouvernements
chemineront « sur la voie du développement pacifique », ils devront et pourront assurément
se rapprocher dans l’avenir.
Pour Taïwan, il s’agit de rendre irréversible
ce rapprochement, quelque soient les futurs résultats électoraux sur l’île. Pour Pékin,
les motivations sont plus complexes comme l’explique à Xavier Sartre, Alain Wang,
sinologue, enseignant et journaliste
Cette première
prise de contact officielle a pour but de tisser des relations qui débouchent sur
une plus grande confiance entre les deux rives du détroit de Formose. Mais ce processus
sera long et aucune rencontre entre les deux présidents n’est prévue dans un avenir
proche, même si le prochain sommet de l’APEC (l’Organisation de coopération économique
des pays d’Asie-Pacifique) est présenté comme une occasion idéale.
La Chine
peut intervenir à tout moment
Cette politique de rapprochement est récente
et remonte à l’élection du chef du Kuomintang, Ma Ying-jeou, au poste de président
de Taïwan. Il cherche à consolider sa politique et à la rendre intouchable même si
les indépendantistes revenaient au pouvoir. Mais « la base de discussion demeure le
consensus de 1992, c’est-à-dire les trois "non" : pas d’indépendance, pas de réunification
et pas de recours à la force », précise le sinologue.
Du côté chinois, Alain
Wang explique qu’il ne faut pas oublier qu’en 2005, « l’Assemblée nationale populaire
a voté une loi anti-sécession qui permet à la Chine d’intervenir à tout moment au
cas où Taïwan proclame son indépendance ».
« La Chine et Taïwan sont
tributaires l’un de l’autre sur le plan économique, les deux rives se sont rapprochées
énormément, donc ni l’une ni l’autre n’a intérêt à voir surgir des problèmes politiques
qui mèneraient à un conflit armé » conclut Alain Wang.
Photo :
Le Taïwanais Wang Yu-chi après les discussions avec la Chine à Nankin