Vietnam : un dissident catholique emprisonné se met en grève de la faim
(RV) Au Vietnam, l’avocat catholique dissident et militant des droits de l’homme Lê
Quôc Quân s’est mis en grève de la faim à l’approche de son procès en appel, fixé
au 18 février. Il avait été condamné en octobre dernier à 30 mois de prison et à une
très lourde amende pour une prétendue affaire de fraude fiscale. Mais selon Eglises
d’Asie, l'agence des Missions étrangères de Paris, il ne s’agirait que d’un stratagème
pour le faire taire.
A l’occasion du nouvel an lunaire, il y a une semaine,
il avait toutefois pu exprimer ses inquiétudes et ses espérances, dans une lettre
à ses amis rendue publique par un site de la diaspora vietnamienne.
Une
icône de la liberté de conscience
Le Quoc Quan est encore peu connu en
Europe mais il est devenu un héros pour toute une génération de Vietnamiens en quête
d’une plus grande liberté d’expression. Cet avocat qui n’a jamais caché sa foi est
connu dans les milieux chrétiens pour son soutien aux revendications de la très active
minorité catholique du Vietnam. Cette communauté se considère spoliée par l’État vietnamien,
qui a préempté de nombreux terrains et biens de l’Église catholique. Lê Quôc Quân
avait notamment été très engagé dans un combat juridique pour la restitution de l’ancienne
résidence de la délégation apostolique à Hanoï.
Le prétexte d’une suspicion
de fraude fiscale lui avait valu d’être arrêté en décembre 2012. Il avait préparé
son premier procès, déjà reporté de juillet à octobre 2013, par le jeûne et la prière.
Sa condamnation à 30 mois de prison avait choqué la communauté internationale, suscitant
une protestation officielle de l’ambassade des Etats-Unis au Vietnam.
Privé
de Bible et de sacrements
On sait qu’il est détenu dans des conditions
extrêmement spartiates, bien qu'il ait pu recevoir la visite de sa famille le 21 janvier
dernier. Seule la lecture de deux journaux lui est autorisée : l’organe officiel
du parti communiste, et celui de la sécurité publique. Plusieurs fois il a demandé
à pouvoir lire sa Bible, mais les responsables de la prison le lui ont refusé. La
grève de la faim qu’il a entamé depuis dimanche dernier, 2 février, et rendue publique
ce vendredi, est liée au refus des autorités de le laisser rencontrer un prêtre.
Message
de paix et d'espérance
Il est toutefois parvenu à adresser à ses soutiens
une lettre pour le nouvel an lunaire, le 31 janvier. Le site Vietnam Infos, relais
de la diaspora vietnamienne dans le monde, a diffusé son message dans lequel il déclare
: « Dans ma prison, je suis en paix et garde une foi sans faille en l’avenir de
notre peuple. Je pense à vous tous et je prie pour que tout le monde puisse vivre
tranquillement et progresser (...) Je me sens en ce moment rempli de la foi en la
bonté, la charité et la compassion de l’homme, et parallèlement d’une forte énergie
pour lutter sans merci contre la cruauté et le mal, par le développement de la conscience
et du cœur ».
Il n'y montre aucun signe de découragement. « Le bien
grandira et le mal diminuera. La démocratie s’épanouira, la dictature rétrécira (...)
Le peuple saura de lui-même comment atteindre ses objectifs et se réaliser. Personne
n'a le droit ni la possibilité de le faire à sa place», affirme-t-il à la fin
de sa lettre. Remerciant ses soutiens qui avaient assisté au premier procès, il
appelle à la poursuite de la mobilisation et dit espérer que, lors de son procès,
« un fait inattendu surviendra ». Il devrait donc être fixé sur son sort dans
le courant du mois de février. (RV avec Eglises d'Asie)