2014-02-07 16:34:48

Espagne : l'Eglise indignée après la mort de migrants à Ceuta


(RV) L’Eglise d’Espagne a exprimé sa douleur et son indignation après la mort de 9 immigrés, noyés ou écrasés, aux portes de l’enclave de Ceuta, au nord du Maroc. Le Haut-commissariat aux Réfugiés de l'ONU s'est dit, lui, « consterné de ces décès aux portes de pays européens ».

Jeudi à l'aube, plusieurs centaines d’immigrés d’Afrique subsaharienne, entre 200 et 400 migrants, se sont approchés du poste-frontière de Tarajal, qui sépare le Maroc de l'enclave espagnole. Ne parvenant pas à donner l'assaut contre le grillage à cet endroit, selon la préfecture de Ceuta, les clandestins avaient alors gagné la plage voisine et tenté de contourner l'épi qui sépare les deux pays en s'avançant dans la mer, contenus à cet endroit par les forces marocaines. Neuf d'entre eux s'étaient alors noyés du côté marocain.

La Garde civile aurait visé les bouées des migrants

Pour repousser l’assaut, du matériel anti-émeutes, des balles en caoutchouc, ont été tirés en parabole par-dessus la barrière de six mètres de haut, mais « jamais contre les personnes » assure la préfecture. Selon elle, « les immigrés ont montré une attitude très violente, lancé des pierres et d'autres objets contre les forces de sécurité espagnoles et marocaines ».

Selon une association « Caminando Fronteras », basée à Ceuta et qui a recueilli le témoignage de plusieurs blessés, certains migrants ont en effet jeté des cailloux contre la Garde civile espagnole, mais celle dernière, selon leurs dires, a elle tiré avec des balles en caoutchouc ou de petites balles en plastique blanches utilisées pour tuer les oiseaux, visant les bouées utilisées par des migrants ne sachant pas nager.

Prendre des mesures pour éviter de tel drame

Le Secrétariat épiscopal pour les migrations de Cadix et Ceuta a demandé aux pays concernés de mettre au point des politiques et les moyens nécessaires pour éviter ces drames de l’immigration. Dans un communiqué il dénonce les raisons qui poussent tant de personnes à risquer leur vie pour gagner des pays sûrs.

De son côté, l’Onu s’est dit « très préoccupés par le fait que les personnes qui ont besoin d'une protection internationale risquent leur vie pour gagner des pays sûrs, et la perdent aux portes de pays de l'Union européenne ». C’est ce qu’a déclaré Maria Jesus Vega, la porte-parole du HCR à Madrid. Elle a insisté sur « l'importance que la gestion des frontières et de l'immigration se fasse dans le respect des droits fondamentaux ».

Sous le feu de l'opposition, le gouvernement espagnol a justifié vendredi l'utilisation la veille de balles en caoutchouc pour repousser un assaut d'immigrants. La gauche a demandé aux autorités de rendre des comptes. Le ministre de l'Intérieur Jorge Fernandez Diaz s'expliquera « à sa demande » devant les députés dans les jours prochains, a assuré la porte-parole du gouvernement, Soraya Saenz de Santamaria.


A Ceuta et Melilla, comme à Lampedusa, les portes de l’Union européenne sont devenues des lieux de souffrance et de mort. Il faudrait qu’elles deviennent des lieux de transit, de rencontre, d’amitié et de solidarité.

Avec l'autre enclave espagnole de Melilla, dans le nord du Maroc, Ceuta constitue la seule porte d'entrée terrestre vers l'Europe pour l'immigration clandestine venue d'Afrique. (avec AFP)


Photo : en décembre 2011, 46 migrants venus d'Afrique sub-saharienne tentent d'entrer en Espagne par la mer à Ceuta







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