2014-02-05 19:32:08

Les catholiques suisses pour la reconnaissance des divorcés-remariés


(RV) Entretien - Ce sont les premières tendances de la consultation sur la famille lancée auprès des catholiques suisses. 90% d'entre eux voudraient que l'Église reconnaisse et bénisse les couples de divorcés-remariés, selon ces résultats officiels.

La consultation sur la pastorale de l'Église catholique sur le mariage, la famille et la vie en couple, présentés mardi à Berne, par la Conférence des évêques suisses (CES), a été initiée en vue du prochain synode consacré aux « défis pastoraux de la famille dans le contexte de l’évangélisation », convoqué par le Pape François.

Les évêques se réjouissent de l'ouverture d'esprit à l'égard de la foi, chez les 25 000 personnes qui ont participé à cette enquête. Ils notent pourtant que cette ouverture ne va pas forcément de pair avec une adhésion inconditionnelle à la doctrine de l'Église sur la famille, le mariage et la sexualité. Parmi eux Mgr Charles Morerod, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg (LGF) et Vice-président de la Conférence des évêques suisses. Il est interrogé par Audrey Radondy : RealAudioMP3

« Beaucoup de gens n’attendent plus tellement de l’Eglise qu’elle se mêle de leur vie privée », relève Mgr Charles Morerod, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg et Vice-président de la Conférence des évêques suisses. « Et surtout des questions touchant à la vie de leur couple ou leur vie sexuelle », précise-t-il. Un résultat qui ne l’étonne pas, car il n’est pas rare d’entendre ce genre de discours lors de visites pastorales et pas dans la bouche des plus jeunes. « Beaucoup de personnes âgées disent : " autrefois quand j’étais jeune, on nous imposait des choses, maintenant on en a été libérés " », ajoute Mgr Charles Morerod. Les jeunes quant à eux, sont bien peu à s’intéresser à ce genre de questions. Et ceux qu’ils le font, ce sont plutôt ceux qui redécouvrent la foi, plus généralement, les nouveaux convertis. Pour l’évêque de LGF, « il faudrait situer les choses de manière plus profonde dans la vie chrétienne ».

Les prélats se rendent bien compte de l'ampleur de la tâche qui leur revient de répondre aux attentes de fidèles en proie à une incompréhension manifeste des positions de l'Église. Pour Mgr Charles Morerod, l’Église doit s’appuyer sur ce qui est « le plus prometteur pour l’avenir », comme les cours de formation chrétienne pour adulte, pour ceux « qui désirent mieux connaitre la foi ». C’est selon lui, un des moyens qui peut leur permettre de mieux saisir le sens de la morale.

Une éducation religieuse pour les enfants

L'un des objectifs du prochain Synode des évêques sur la famille, à l'automne prochain, où seront débattus les résultats de la consultation, sera donc « d’expliquer à des gens, qui ne s’attendent pas à ce que cela puisse les concerner de manière positive, que ce que nous proposons vaut la peine d’être vécu et est beau », explique-t-il. Le prélat donne l’exemple d’un couple qu’il a rencontré, qui étudie la « théologie du corps » de Jean-Paul II. Et qui lui ont dit : « dans le fond, nous qui essayons de vivre, notre vie familiale comme l’enseigne l’Église sur tous les points, nous ne pouvons le faire qu’avec l’aide de la prière en famille et des sacrements ». Mgr Charles Morerod admet que l'Église n'a pas toujours de réponses satisfaisantes à apporter aux fidèles, d'où l'utilité de la consultation et du prochain synode.

Au-delà de ces défis, les résultats de la consultation ont mis en lumière le rôle important joué par la foi dans le domaine de la famille et de l'éducation. Le souhait d'une éducation religieuse pour les enfants, recueille ainsi le plus fort taux de réponses positives du sondage, à 97%, a indiqué Arnd Bünker, directeur de l'Institut suisse de sociologie pastorale (SPI), qui a récolté et évalué les réponses. Une autre preuve de cette réalité, est l’adhésion toujours forte, au sacrement du baptême.

Le mariage religieux reste également une référence pour les catholiques suisses. 80% des sondés ont affirmé que ce sacrement était important pour eux. Pour le directeur du SPI, ces deux constats sont pour l'Église une grande chance de transmettre son message central.

Majorité en faveur du partenariat homosexuel

Les résultats ont également relevé qu'environ 60 % des participants à la consultation étaient en faveur de la reconnaissance et de la bénédiction par l‘Église des couples homosexuels. Contrairement à la question des divorcés remariés, l'objet n'a ici pas été marqué par un consensus mais plutôt par une polarisation. A côté d’une majorité de personnes favorables, la part des sondés ayant adressé un refus catégorique à la reconnaissance du partenariat homosexuel est également élevée.

Arnd Bünker a remarqué qu'il existe également un « désaccord dramatique et connu de longue date » entre la doctrine de l'Église et les fidèles sur les questions de contraception. L’interdiction des méthodes artificielles de contraception est bien éloignée de la pratique et des idées de la grande majorité des catholiques.

Prendre les expériences de terrain en considération

Mgr Markus Büchel, évêque de Saint-Gall et président de la CES, a martelé que la hiérarchie de l'Eglise ne pouvait plus continuer à délivrer son message d'une façon « qui n'atteint plus l'homme ». Il a souligné que dans la pratique, les agents pastoraux se montraient souvent « plus miséricordieux et bienveillants » que la doctrine officielle. Et de souhaiter que le Synode des évêques prennent ces expériences en considération, afin d'établir une base doctrinale officielle qui réponde aux formes de pratique qui « ont fait leur preuve » sur le terrain.

L'évêque a toutefois rappelé que l'enseignement de l'Eglise ne devait pas se soumettre à « une opinion majoritaire à bon marché ». L'effort consiste plutôt à renouveler cet enseignement à l'aune de valeurs et d'idéaux qui correspondent à la vie réelle des personnes, a souligné le prélat saint-gallois. Présentant la situation dans son diocèse, Mgr Theurillat, évêque auxiliaire de Bâle, a finalement relevé l'importante participation des agents pastoraux au questionnaire. Il s'est dit frappé par la miséricorde dont font preuve ces derniers face aux situations parfois douloureuses des fidèles. (RV Avec Apic)


Photo : 97% des participants au questionnaire veulent une éducation religieuse pour leurs enfants











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