Madagascar, le nouveau président rencontre l'Eglise locale
Entretien (avec Radio Don Bosco) - Il est le premier président à avoir été
élu démocratiquement à la tête de la Grande Ile depuis le coup de force de 2009. A
Madagascar, Hery Rajaonarimampianina a prêté serment samedi dernier. Dans son premier
discours, le nouveau chef de l'Etat avait insisté sur l'importance de tourner la page
après cinq années de crise, se posant en champion de l'unité nationale et annonçant
une politique de la main tendue au camp de l'ex-président Marc Ravalomanan.
La
stabilité politique, renouer la confiance entre le peuple et les politiques : ce sera
l'un de ses premiers défis à relever. Il le dit lui-même, interrogé par nos confrères
de Radio Don Bosco
Ancien comptable
de 55 ans, ancien ministre des Finances du régime de transition sortant, le président
Hery Rajaonarimampianina n’a pas attendu longtemps pour témoigner de l’importance
du rôle que joue l’Eglise à Madagascar. Une de ses premières visites fut auprès de
Mgr Benjamin Marc Ramason, nommé le 27 novembre dernier à l’archidiocèse d’Antsiranana
mais qui lui aussi a pris ses fonctions le 25 janvier dernier.
Le président
malgache nous explique les raisons de cette visite :
Et je vous
propose enfin d’entendre la voix du nouvel archevêque d’Antsiranana. Il revient au
micro de nos collègues malgaches sur sa future mission pastorale :
Texte intégral
de l'entretien avec le président malgache :
Mon investiture s’était déroulée
à la même date que son intronisation, ici. Et je me suis dit « Pourquoi pas une première
sortie, chez lui, aujourd’hui ? » Non seulement pour honorer de ma présence ce grand
évènement pour lui mais aussi pour dire un message important : que l’Église participe
aussi à l’œuvre de développement national en éduquant les chrétiens en matière d’éducation,
sur la paix, sur la réconciliation nationale, sur l’amour de son prochain. Donc, je
pense que ce sont des valeurs que j’ai partagé et je suis convaincu que ces valeurs
sont aussi partagées par l’Église. Donc, on a des points communs dans le cadre de
notre mission respective.
Pour la sortie de crise, vous savez qu’aujourd’hui,
tout est à faire, tout est prioritaire. Je crois que le plus important aujourd’hui,
c’est de d’abord rétablir la confiance entre les dirigeants, c’est-à-dire l’État et
la population. Donc, ceci pour pouvoir restaurer l’état de droit, pour pouvoir mettre
en place l’autorité de l’État qui me semble être la condition importante pour asseoir
la réalisation de tout développement économique et social. Il faut que je mette en
place cette autorité de l’État pour pouvoir mettre en place la sécurité, pour mettre
en place une justice impartiale et pour lutter contre la corruption. Et je pense que
c’est bien important. Parallèlement je vais travailler sur les activités qui portent
sur tout ce qui est social, sur la nutrition parce que c’est vraiment très urgent
aujourd’hui, surtout au niveau infantile. Il y a aussi l’aspect éducation car il y
a beaucoup d’enfants qui ne sont pas allés à l’école. Et aussi, l’aspect santé. Mais,
bien évidemment, il y a aussi tout ce qui est aspect économique. Donc, créer de l’emploi
parce que pour sortir de la pauvreté, il faut créer de l’emploi pour donner au moins
aux gens la possibilité d’avoir des revenus. Donc, on va créer de l’emploi à travers
un système de haute intensité de main d’œuvre mais on va aussi créer de l’emploi à
travers la réalisation de grandes infrastructures. Dès la semaine prochaine, je vais
inaugurer la première pierre de réalisation de la grande construction routière et
d’autres infrastructures. Donc, je pense que c’est un message fort que je voudrais
adresser à la population, comme quoi on travaille. Je travaille pour la population
et je le dis vraiment avec humilité. Je sens que c’est un devoir de tout dirigeant.
Texte
intégral de l'entretien avec Mgr Benjamin Marc Ramason :
Certainement, il y
a beaucoup de priorités qui m’attendent et de défis à relever mais je vois déjà à
travers les interpellations par-ci, par-Là, par des échos que j’ai eu, conversant
avec les gens que c’est surtout l’éducation et la vie de famille qui sont surtout
les points importants sur lesquels nous devons, en tant qu’Église, dans cette région
du nord, travailler un peu plus et je rends hommage à mes prédécesseurs car c’est
un archidiocèse déjà assez structuré dans ce sens et qui a donné une place importante
au rôle des laïques selon l’esprit du Concile Vatican II et un rôle de laïques dans
la communion entre prêtres, religieux et laïques. En parlant de l’éducation, c’est
surtout des jeunes et des adolescents qui ont des difficultés au niveau social. Beaucoup
n’ont pas la possibilité de suivre des études et même ceux qui ont pu avoir des diplômes,
ils ne trouvent pas de travail. Cela engendre des frustrations et des déceptions qui
les poussent, de temps en temps, pas souvent, à être violents. C’est pour cela que
l’éducation des jeunes, par des mouvements, par d’autres moyens s’avère nécessaire.
Photo
: le nouveau président malgache, Hery Rajaonarimampianina