Le dissident vietnamien Lê Quôc Quân jugé prochainement
L’avocat dissident, Me Lê Quôc Quân, aujourd’hui détenu dans une prison du Nord-Vietnam,
sera jugé en appel le 8 février prochain. La nouvelle a été annoncée à l’avocat chargé
de sa défense, le 22 janvier, par le Tribunal populaire suprême de Hanoi. Des nouvelles
du prisonnier politique ont été diffusées peu après la visite qu’a pu lui rendre sa
famille, le 21 janvier. Au cours de cette rencontre qui a permis à ses proches de
lui apporter quelque ravitaillement, le prisonnier a pu s’entretenir quelque temps
avec eux. Selon son frère, Lê Quôc Quyêt, l’état de santé du prisonnier est satisfaisant.
Après
sa condamnation en première instance, il a été placé dans une cellule où étaient déjà
enfermés 24 prisonniers. La moitié d’entre eux sont d’anciens drogués. Ses parents
ont aussi rapporté que l’avocat est seulement autorisé à lire deux journaux : l’organe
national du Parti communiste vietnamien, le Nhân Dân, et l’organe de la Sécurité publique,
l’An Ninh. D’autres lectures lui sont interdites, en particulier celle de la Bible,
pour laquelle il a demandé en vain une autorisation.
Accusation de fraude
fiscale à des fins de répression politique
Me Lê Quôc Quân avait été arrêté
en décembre 2012. Son procès en première instance avait été annoncé pour le 9 juillet
2013. L’avocat s’y était préparé d’une façon toute spéciale. Quelques jours auparavant,
il avait entamé une retraite spirituelle associant le jeûne et la prière. A la veille
de la date prévue pour le procès, le tribunal avait annoncé que la juge devant diriger
les débats était tombée malade et que le procès était reporté à une date ultérieure.
Il
eut finalement lieu le 2 octobre 2013. L’avocat catholique fut condamné à 30 mois
de prison ainsi qu’à une très lourde amende. Dans la sentence, aucune référence n’était
faite à son activité militante critique à l’égard du pouvoir. L’accusation portait
uniquement sur une prétendue fraude fiscale de l’entreprise dont il était le principal
dirigeant.
Dès le lendemain du procès, l’ambassade des Etats-Unis au Vietnam
avait publié un communiqué exprimant ses préoccupations au sujet des accusations comme
de la sentence de 30 mois de prison prononcée à l’encontre de l’avocat dissident.
Le communiqué dénonçait aussi l’utilisation de dispositions légales contre la fraude
fiscale, à des fins de répression politique. Par la suite, de très nombreuses associations
humanitaires ont rendu publique leur indignation devant la sentence portée contre
l’avocat.
Son activité militante dérange
La fraude fiscale fut
l’accusation officielle inscrite sur l’acte d’accusation et reprise dans le réquisitoire.
Elle motiva la condamnation en première instance. C’est sur elle que, sans doute,
porteront les débats du procès en appel. Mais peu de gens seront dupes, convaincus
que le passé militant de l’avocat est, de toute évidence, à l’origine de sa condamnation.
Ses écrits appelant à la liberté démocratique, sa participation au mouvement pour
la liberté religieuse, aux manifestations contre l’expansionnisme chinois, son influence
auprès des jeunes jouent très certainement un grand rôle dans l’acharnement de la
justice à son égard, même s’il n’en est pas question dans le réquisitoire du procureur
et dans la sentence des juges.(Eglises d'Asie)