(RV) La paix semble toujours bien difficile à construire au Sud-Soudan. Deux ans et
demi après son indépendance, le plus jeune État du monde est passé tout près de l’implosion,
avec un mois de guerre fratricide qui a fait craindre un risque de déstabilisation
régionale. Le cessez-le-feu signé la semaine dernière à Addis-Abbeba (Éthiopie) a
fait émerger l’espoir d’un processus de réconciliation nationale. Mais pour le moment,
la situation sur le terrain reste très chaotique.
Depuis la fin théorique
des combats, de nombreux cas de violence et de pillages ont été signalés. La haine
semble toujours tenace entre les partisans du président Salva Kiir et ceux de l’ancien
vice-président Riek Machar. Les deux camps s’accusent mutuellement d’avoir violé la
trêve.
C'est dans ce contexte que la responsable des affaires humanitaires
de l’ONU, Valerie Amos, est arrivée ce lundi 27 janvier à Juba, la capitale, pour
une mission de trois jours dans le pays.
Appel des évêques à la paix
Une
délégation d’évêques d’Afrique de l’Est a visité le Sud-Soudan la semaine dernière.
Ils appellent à un véritable processus de réconciliation nationale et à ce que les
Églises soient impliquées dans cette démarche.
A l’image de toute la population,
les catholiques sont victimes d’agressions. Des prêtres ont été attaqués. Les paroisses
censées servir de refuges pour les populations déplacées ne sont pas toutes sécurisées.
Le père Ferdinand Luganza est le secrétaire général de l’association épiscopale
d’Afrique de l’Est, basée au Kenya. Les informations qui lui parviennent du Sud-Soudan
sont très alarmantes. Interrogé par Laura Ieraci, du service anglophone de Radio-Vatican,
il évoque l’agression subie par l’administrateur apostolique du diocèse de Malakal
:
Par ailleurs,
l’évêque émérite de ce même diocèse de Malakal, Mgr Vincent Mojwok Nyiker, est porté
disparu. Il est âgé de 81 ans et n’a pas encore pu être localisé compte tenu du désordre
ambiant dans cette ville pourtant reprise par les forces loyalistes le 20 janvier
dernier. Malakal , capitale de l'Etat du Nil supérieur, est une ville pétrolière proche
de la frontière du Soudan du Nord et a été le lieu d'âpres combats durant cette guerre
civile, tout comme Bor, capitale du Jonglei (est) et Bentiu, capitale de lUnité (nord).
Le
cessez-le-feu n’est donc pas encore la paix. Il faudra encore de longues négociations
pour que la vie au Soudan du Sud retrouve un semblant de normalité. Les 700 000 réfugiés
du conflit hésitent encore à rentrer dans leurs foyers. Depuis le début du conflit,
plus de 100 000 d’entre eux ont même passé la frontière de l’ancienne nation tutélaire,
le Soudan du Nord .
Pour les 10 000 morts du conflit engagé le 15 décembre,
il déjà trop tard. Pour les autres, l’espoir demeure d’un règlement politique. Mais
le chemin vers la souveraineté et la paix s’annonce encore très incertain.
Photo:
un soldat de l'armée régulière en faction devant une église du Soudan du Sud.