2014-01-23 13:47:19

Le conflit syrien, et la guerre de l'information


(RV) Envoyé spécial - Des cris, une bousculade, des caméras. « Bachar Al-Assad ne partira jamais ! » Ce mercredi à Montreux, en pleine conférence sur la Syrie, le ministre syrien de l’information Omrane Al Zobhi débarque dans la salle de presse, à l’improviste, sous l’œil médusé des centaines de journalistes présents. On croit à une émeute, les micros s’enchevêtrent, on monte sur des chaises pour apercevoir le ministre. Quelques minutes plus tard, les agences de presse font état de ce coup d’éclat et l’information est reprise en boucle.

Avec près de 1000 journalistes venus du monde entier, cette conférence de Genève 2, a été une tribune médiatique incomparable pour le régime syrien, persuadé d’un complot international contre lui. Les hommes de Bachar Al-Assad sont venus répéter à qui veut l’entendre que le terrorisme est la racine de tous les maux dans le pays, la clé du conflit. Et que la désinformation bat son plein. Plus tôt, lors de la conférence, le chef de la diplomatie syrienne avait dénoncé les monarchies du Golfe qui arrosent de pétrodollars les opposants en leur fournissant des armes et en finançant des médias mensongers.

La délégation officielle syrienne est accompagnée d’une cinquantaine de journalistes venus de Damas. Et si Al Jaazera est venu avec plusieurs équipes, on a pu voir aussi les caméras d’Al Manar, la chaîne du Hezbollah.

Une guerre dans la guerre

Dans la salle de presse qui donne sur les eaux calmes du Léman,, un jeune étudiant syrien élève la voix et accuse de « terroristes » ceux qui le contredisent. Safi Ayoush porte un pin’s à l’effigie de Bachar au revers de sa veste. Il hurle que sa famille a été décimée et évoque les horreurs de la guerre que personne ne songe à remettre en question. Mais sa présence intrigue, lui qui est venu d’Australie, « non dans la délégation officielle, mais en soutien à mon pays », explique t-il.

On le sait depuis le début, la guerre de l’information est une guerre dans la guerre, c’est le lot de tous les conflits. Mais Montreux a montré combien la machine battait son plein. En fin de journée, après Ban Ki-moon ou John Kerry, Bachar Al Jafaari, le représentant du régime syrien à New York a tenu une conférence de presse. Durant de longues minutes, il a sorti de sa mallette des articles de la presse turque confirmant selon lui son soutien au terrorisme en Syrie. Il est aussi revenu sur des photos récentes accusant Damas d’exactions. Des photos fabriquées par les pays du Golfe, a-t-il dénoncé.


Olivier Bonnel, à Genève








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