Le Patriarche Cyrille de Moscou interpelle "Genève II"
Au nom de l’Église orthodoxe russe, le patriarche Cyrille de Moscou a interpellé les
participants à la conférence de Genève II pour la paix en Syrie, qui s'est ouverte
le 22 janvier 2014 à Montreux. Il leur demande de faire tout ce qui est en leur pouvoir
pour obtenir « l’arrêt immédiat et inconditionnel des opérations militaires et
la mise en place d’un dialogue entre tous les Syriens ». Conscient de la menace
que font peser les rebelles islamistes, il demande en particulier que soit respectée
la liberté des chrétiens qui vivent au Moyen-Orient depuis plus de deux mille ans
et « font partie intégrante de la société syrienne ».
« Aujourd’hui,
le monde espère de vous des mesures efficaces pour parvenir à un règlement pacifique
du conflit qui ensanglante la Syrie (…) La tragédie qui se déroule en Syrie depuis
déjà trois ans est d’une ampleur colossale : des centaines de milliers d’innocents
ont été victimes du conflit armé, les réfugiés et les déplacés se comptent par millions
», écrit le patriarche orthodoxe russe.
Le patriarche Cyrille se dit convaincu
que la Syrie doit rester un Etat où les droits et la dignité des représentants de
tous les groupes nationaux, ethniques et religieux soient respectés. « La sécurité
et la liberté religieuse des chrétiens qui vivent au Moyen-Orient depuis plus de deux
mille ans et qui font partie intégrante de la société syrienne, doit leur être absolument
garantie, au même titre que celles des autres habitants du pays », écrit-il.
La
libération des otages, une exigence pour la paix
Le premier pas vers la
paix et la stabilité doit être la libération des otages et l’empêchement de toute
profanation des sanctuaires religieux, des monuments culturels et historiques, poursuit-il.
« On ne sait toujours rien du sort de deux hiérarques chrétiens, les métropolites
Paul et Jean Ibrahim, enlevés l’année dernière au mois d’avril dans les environs d’Alep
». Le patriarche russe s'inquiète en effet de ce que sont devenus Mgr Boulos al-Yazigi,
évêque grec-orthodoxe, et Mgr Georges Yohanna Ibrahim, évêque syro-orthodoxe, enlevés
par des islamistes près de la frontière turque le 22 avril dernier.
Il mentionne
également la supérieure et plusieurs moniales du monastère Sainte-Thècle, à Maaloula,
enlevées par des rebelles et toujours retenues en captivité. « Leur libération
immédiate serait un témoignage probant de la bonne volonté de l’opposition dans la
recherche de la paix et de la concorde sur le sol syrien ».
Le chef de
l'Église orthodoxe russe appelle « tous les hommes de bonne volonté à faire leur
possible pour arrêter l’escalade de la violence en Syrie, mettre un terme à l’intervention
des groupes terroristes et extrémistes » ainsi qu'à cesser d'apporter un soutien
financier ou militaire extérieur à ces groupes. « J’appelle à laisser le peuple
syrien décider lui-même la voie qu’il souhaite prendre ».
Appel aux
« hommes dont les mains sont rougies du sang des civils »
Le patriarche
Cyrille appelle encore « les hommes dont les mains sont rougies du sang des civils
à réfléchir et à cesser toute iniquité ». « Rappelez-vous, conclut-il,
qu’il est facile de détruire un monde, mais que les blessures d’une guerre se pansent
des décennies entières, que les vies humaines ne seront jamais rendues. Tout pas vers
la réconciliation, vers le rétablissement de l’ordre et la mise en place d’une nouvelle
prospérité sera béni de Dieu ». (apic/mospat)