L’appel est celui de l’archevêque de Tunis, Mgr Ilario Antoniazzi, à l’agence vaticane
Fides. Trois ans exactement après la chute du président Ben Ali, le prélat affirme
que « le processus de transition semble encore long. Nous verrons ce qu’il en sera
lorsque sera approuvée la nouvelle Constitution. Après quoi, sont prévues de nouvelles
élections ».
Les dirigeants tunisiens ont participé mardi matin à une brève
cérémonie de lever du drapeau, place de la Kasbah à Tunis, où siège le gouvernement.
Le président Moncef Marzouki, le Premier ministre islamiste démissionnaire Ali Larayedh
et son successeur désigné Mehdi Jomaâ y ont participé, accompagnés de hauts responsables
politiques et militaires.
En fin de matinée, des manifestations, à l'appel
de partis politiques notamment, se sont déroulées dans le calme et sous haute présence
policière sur l'avenue Habib Bourguiba, haut lieu du soulèvement qui a chassé Zine
El Abidine Ben Ali du pouvoir le 14 janvier 2011. Quelques milliers de personnes,
partisans des islamistes d'Ennahda majoritaires à la Constituante et de leurs détracteurs,
se sont rassemblées en différents endroits de cet axe du centre-ville.
Le
14 janvier était aussi la date anniversaire à laquelle était attendue la nouvelle
Constitution. Mais son adoption, promise par la classe politique pour mardi au plus
tard afin de coïncider avec cet anniversaire symbolique, était hautement improbable.
Apostolat
de vie
A cette occasion, l’archevêque de Tunis a évoqué le défi d’une communauté
ecclésiale qui se renouvelle tous les quatre ans. « Notre apostolat est un apostolat
de vie. Nous présentons le Christ en cherchant simplement de vivre en suivant ses
enseignements », a déclaré mardi Mgr Ilario Antoniazzi, à Fides. « Nous ne
pouvons en effet pas recourir à l’apostolat de la parole parce que le Modus Vivendi
– sorte de pacte concordataire stipulé avec l’Etat tunisien après l’indépendance –
ne le permet pas », a expliqué le prélat.
« En 1964, la majeure partie
des plus de cent églises qui appartenaient jusqu’alors à la communauté catholique
tunisienne ont été expropriées par l’Etat, poursuit-il. Actuellement, nous
disposons seulement de cinq églises et de huit écoles catholiques ». « Nous
ne pouvons pas même acquérir ou vendre des édifices, pas plus que recevoir des donations,
a ajouté l’archevêque. Par exemple, si une congrégation religieuse décide de fermer
un couvent en Tunisie, elle ne peut pas le céder à l’Archevêché mais il est nationalisé.
»
« Ceci ne nous empêche pas de vivre en harmonie avec le peuple tunisien
» , a encore souligné Mgr Antoniazzi. « Notre communauté ecclésiale est composée
essentiellement d’étrangers, dont la majeure partie sont des étudiants et des travailleurs
provenant d’Afrique sub-saharienne. Il s’agit d’un défi pastoral important parce que
nous avons calculé que nous perdons chaque année environ un quart des fidèles, qui
rentrent dans leurs pays d’origine à la fin de leurs études ou de leur contrat de
travail. Cette perte est compensée par un quart de nouveaux arrivés. Concrètement,
notre communauté se renouvelle complètement en quatre ans » a conclu l’archevêque
de Tunis.
« Il n’est donc pas facile de réaliser une programmation pastorale
en un temps si limité. Nous semons mais ne récoltons pas. Mais ce n’est pas grave.
Je dis aux fidèles qui retournent dans leurs pays de ne pas oublier le bien que la
Tunisie leur a fait, y compris au plan spirituel. »
Photo : l’archevêque
de Tunis, Mgr Ilario Antoniazzi