Au Soudan du Sud, la situation a continué de se détériorer, les combats engagés entre
les partisans du président et de son ancien numéro deux se sont propagés dans 7 des
10 Etats du pays. Cette semaine, une délégation de la Communauté de Sant’Egidio a
rencontré à Addis Abeba, la capitale éthiopienne, les leaders des deux parties qui
s’affrontent dans la crise au Soudan du Sud. Ce déplacement avait pour but de leurs
permettre d’évaluer la situation, de reprendre contact avec les acteurs du conflit
et de soutenir la médiation en cours.
Une médiation qui ne se passe pas sans
difficultés, comme l’explique Mauro Garofalo des relations internationales de la
Communauté catholique Sant’Egidio, interrogé par Audrey Radondy
Pendant
les négociations, il y a des affrontements sur le terrain. Nous savons bien que même
aujourd’hui, il y a des morts au nord de Djouba, à 15km de Bor. Il y a des prisonniers
politiques et des rebelles qui sont emprisonnés par le gouvernement à Djouba. Il y
a des rebelles qui attaquent les villes. La plus grande difficulté, c’est dans la
situation générale du pays. C’est un pays qui a obtenu l’indépendance contre tout
le monde. Donc, ils ont obtenu quelque chose qui relève presque du miracle. Mais ils
n’ont pas vraiment bâti l’État et l’unité. C’est surtout cela : on parle toujours
des affrontements mais ce n’est pas un affrontement inter-religieux car tout le monde
est chrétien. Je pense que ce n’est même pas un affrontement ethnique. C’est surtout
un affrontement politique sur la répartition du pouvoir.
Quelles pourraient
être les conséquences de ce problème politique au niveau humanitaire sur les populations
? Les conséquences sont déjà bien évidentes dans le sens où il y a des morts,
des réfugiés. Il y a quelqu’un qui parle déjà de plus de 1000 morts. La situation
humanitaire est terrible. Cela s’est passé dans une situation déjà fragile, déjà un
peu déstabilisée. Donc, c’est la pire situation qu’on puisse trouver.
Est-ce
que vous pensez que si cette crise ne trouve pas d’issue, ça pourrait mettre en danger
ce tout nouvel État ? Oui, l’État est déjà en danger dans le sens où quelques
années, quelques mois après l’indépendance, ils sont déjà en crise. Ils sont vraiment
en train de jeter à la poubelle tout ce qu’ils ont obtenu dans les accords. Donc,
il faudra les aider à retrouver au moins quelques formes de coopération. Maintenant,
la seule forme de coopération, c’est les affrontements sur le terrain. C’est cela
qu’il faut résoudre avant tout et ensuite, on verra. Mais la situation est très difficile.
Est-ce qu’il ne faudra peut-être pas demander le soutien de forces extérieures
? Avant tout, il faudra demander l’aide de l’Union africaine. Ce n’est pas par
chance que les négociations ont eu lieu à Addis Abeba. La seule voie de solution que
je vois, c’est un dialogue politique car il s’agit du même parti. Donc, c’est entre
eux qu’il faudra trouver la voie pour se parler, coopérer une nouvelle fois. Sur l’intervention,
quand il y aura un accord sur le feu pour partager le pouvoir. Après, on va voir mais
c’est surtout la médiation politique entre les deux.