La laïcité et la place des religions dans la société française
(RV) Manifester de la considération aux juifs et musulmans ne doit pas conduire à
négliger les chrétiens : c’est la mise en garde lancée par l’évêque d’Evry dans les
colonnes du quotidien La Croix. Mgr Michel Dubost réagissait aux inquiétudes
manifestées par certains catholiques français quant à une différence de traitement
entre les principales religions de la part des autorités de l’État.
Des cloches
qui ne doivent plus sonner, des sapins, des pères Noël, des crèches ou des galettes
que l’on ne veut plus voir au nom de l’égalité de traitement entre les religions….
Si la laïcité nie ceci, alors elle oublie notre histoire, avertit le président du
conseil pour les relations interreligieuses de la Conférence des évêques de France.
Tout en reconnaissant que la situation actuelle est difficile à gérer pour les élus,
il estime que la laïcité ne doit pas conduire à nier certaines coutumes françaises
d’origine chrétienne.
Dans les cabinets ministériels, beaucoup de gens sont
sensibles à l’islam et au judaïsme parce que s’y rattachent des questions délicates.
En revanche, personne ne pense tellement aux catholiques. Selon Mgr Dubost, on risque
de favoriser l’extrême droite en niant la culture française. Il faut au contraire
partir d’elle pour que les Français ne se sentent pas dépossédés. Beaucoup de musulmans
sont Français, note-t-il. Nous devons les accueillir, les respecter, leur montrer
qu’ils ont de l’importance pour nous, les saluer au moment de l’Aïd par exemple mais
pas au détriment de notre identité historique. Sinon nous fabriquons des gens «
toutes griffes dehors ».
François Hollande recevait mardi les autorités
religieuses de France
La question de la laïcité a été évoquée mardi soir
en France au cours de la rencontre traditionnelle des vœux entre le chef de l’Etat
et les autorités religieuses du pays. L’entrevue, qui s’est déroulée à huis clos,
a duré une heure environ. Le président de la République est rapidement revenu sur
les événements qui ont marqué 2013, avant d’évoquer la laïcité, la situation internationale,
notamment en République centrafricaine, Mali et Syrie, et la reconnaissance des religions
dans la vie du pays. François Hollande a également assuré qu’il consulterait les représentants
des religions sur les questions bioéthiques, notamment sur la fin de vie et sur la
procréation médicalement assistées. Chacun des représentants a ensuite pu exprimer
ses propres préoccupations.
Interrogé par les journalistes à la sortie, sur
le perron de l’Elysée, Mgr Georges Pontier, président de la Conférence des évêques
de France, a indiqué avoir mentionné l’importance de la place des religions dans la
construction du tissu social, ainsi que sa préoccupation causée par le climat de
violence dans la société, une violence nouvelle, sans borne et sans limites. Interrogé,
quant à lui, sur l’affaire Dieudonné, le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de
Paris, a évoqué une nécessité de réfléchir sur la manière dont notre culture est entraînée
dans la provocation et la dérision. Le recteur de la grande mosquée de Paris, Dalil
Boubakeur, a également mentionné la nécessaire lutte contre les actes de dégradation
et de profanation commis à l’encontre des communautés religieuses en France. Il a
affirmé avoir insisté sur les troubles que provoque le racisme dans la société.
Photo : le président Hollande et le cardinal Vingt-Trois