Publication en exclusivité de l’échange entre le Pape et les supérieurs généraux
(RV) La conversation qui a eu lieu entre le Pape François et les supérieurs généraux
a été rendue publique à 15h00 ce vendredi par la revue jésuite italienne Civiltà
Cattolica. Il s’agit d’un long dialogue sur les défis que doivent affronter la
vie religieuse et l’Église dans son ensemble. Le père Antonio Spadaro, directeur de
la revue de la Compagnie de Jésus faisait partie des 120 supérieurs généraux reçus
par le Pape en novembre dernier.
Il propose, en 15 pages, une présentation
de cet échange libre et spontané, en commentant la rencontre à la lumière du récent
magistère du Pape. « Il faut former le cœur. Autrement nous formons de petits monstres.
Et puis ces petits monstres forment le peuple de Dieu. Cela me donne vraiment la chair
de poule ». C’est l’un des passages les plus forts de la conversation entre le
Pape et les supérieurs généraux.
Entretien libre
Parmi les nombreux
thèmes abordés : la complexité de la vie, faite de grâce et de péchés, le fait d’être
prophètes en notre monde, la fraternité, la dénonciation des attitudes hypocrites
et fondamentalistes, l’éloge de la grande décision de Benoît XVI concernant les cas
d’abus, l’importance des charismes ou encore la nécessité de réveiller notre monde
engourdi.
Le Pape François qui s’était entretenu librement pendant trois
heures, le 29 novembre 2013 avec les participants à la 82e Assemblée générale de l'Union
des supérieurs généraux avait notamment annoncé que l'année 2015 serait dédiée à la
vie consacrée.
Le Souverain Pontife n'avait pas prononcé de discours traditionnel,
mais il avait répondu aux questions des participants. Le premier groupe de questions,
avait précisé le Père Federico Lombardi, directeur de la salle de presse du Saint-Siège,
portait sur l'identité et la mission de la vie consacrée. Le Pape avait affirmé que
si la radicalité est demandée à chaque chrétien, les religieux sont appelés à suivre
le Seigneur d'une manière particulière.
Importance de la formation
Interrogé
ensuite sur les vocations, le Pape avait indiqué que des Églises jeunes apportent
de nouvelles vocations, un phénomène qui oblige à repenser l'inculturation des charismes.
L'Église doit demander pardon et avoir honte de ses échecs apostoliques dus à des
incompréhensions comme dans le cas de Matteo Ricci.
Puis il avait insisté
sur l'importance d'une formation fondée sur le spirituel, l'intellectuel, la communauté
et l'élan apostolique. Il faut absolument éviter toutes les formes d'hypocrisie de
cléricalisme au profit d'un dialogue ouvert et franc sur tous les aspects de la vie,
agir en artisans, non en policiers.
Questionné sur l'aspect fraternel, il
en avait souligné la grande force à condition d'éviter tout conflit. Quant aux rapports
entre les diocèses et les ordres religieux, le Pape avait fait part de son expérience
et dit que les évêques doivent comprendre que les religieux ne sont pas de simples
renforts, mais qu'ils apportent des charismes particuliers aux diocèses.
Enfin
à propos de la frontière de la mission religieuse, il avait rappelé que tout repose
sur l'usage des charismes. Et que les contextes marginalisés demeurent des priorités
d'action, avec toute l'importance de l'assistance culturelle, scolaire et universitaire.