2014-01-03 19:03:55

L’abécédaire de la vie religieuse du Pape François


Lors d’une rencontre au déroulement inédit, le 29 novembre 2013 au Vatican, le Pape François s’était entretenu pendant plus de trois heures avec quelque 120 supérieurs d’ordres religieux masculins. Dans l’après-midi du 3 janvier 2014, la revue jésuite italienne La Civiltà cattolica a publié de nombreux passages de cette conversation.
Le Pape avait alors longuement parlé de la vie religieuse dans le monde actuel, de la formation des consacrés, du rapport avec l’autorité épiscopale, louant également la réaction de Benoît XVI face aux affaires de pédophilie au sein de l’Eglise.
Lors de cet échange, le Pape a appelé avec force les religieux à “réveiller le monde“, à fuir le “centralisme“ et “les approches idéologiques“ pour voir la réalité depuis “la périphérie“.

Voici une sélection des meilleurs passages de l’intervention du Pape, de A à Z

Apostolat: “Nous devons toujours demander pardon et regarder avec beaucoup de honte les échecs apostoliques entraînés par le manque de courage. Pensons par exemple, aux intuitions pionnières de Matteo Ricci qui, à l’époque, furent abandonnées“.
Charisme: “Le charisme reste, il est fort, l’œuvre passe. On confond parfois l’Institut (religieux, ndlr) et l’œuvre. L’Institut est créatif, il cherche de nouvelles voies. De même, les périphéries changent et on peut toujours en faire une liste différente“.
Conflits: “Si l’on n’endure pas de conflits dans une communauté, il manque quelque chose. La réalité nous dit qu’il y a conflit dans toutes les familles et tous les groupes humains. Et le conflit doit être assumé, il ne doit pas être ignoré. S’il est couvert, il crée une pression et puis explose. Une vie sans conflits n’est pas la vie“.
Compagnons: “Pensons à ces religieux qui ont le cœur acide comme du vinaigre : ils ne sont pas faits pour le peuple. En somme, nous ne devons pas former des administrateurs, des gestionnaires, mais des pères, des frères, des compagnons de route“.
Eduquer: Les piliers de l’éducation sont : “transmettre la connaissance, les façons de faire, les valeurs. A travers eux on transmet la foi. L’éducateur doit être à la hauteur des personnes qu’il éduque, il doit s’interroger sur comment annoncer Jésus-Christ à une génération qui change. (…) La tâche éducative est aujourd’hui une mission clé, clé, clé !“

Eglise: “L’Eglise doit être attractive. Réveillez le monde ! Soyez témoins d’une façon différente de faire, d’agir, de vivre ! Il est possible de vivre différemment en ce monde“.
Evangile: “La radicalité évangélique ne concerne pas seulement les religieux : elle est demandée à tous. Mais les religieux suivent le Seigneur de façon spéciale, de façon prophétique. J’attends de vous ce témoignage. Les religieux doivent être des hommes et des femmes capables de réveiller le monde“.
Evêques: “Les charismes des différents instituts doivent être respectés car il y en a besoin dans les diocèses. Je connais par expérience les problèmes qui peuvent naître entre l’évêque et les communautés religieuses. (…) Nous, évêques, devons comprendre que les personnes consacrées ne sont pas du matériel d’assistance, mais des charismes qui enrichissent les diocèses. L’insertion diocésaine des communautés religieuses est importante. Il faut sauver le dialogue entre évêque et religieux afin d’éviter qu’en ne comprenant pas les charismes, ils soient simplement considérés comme des instruments utiles“.
Formation: “La formation des candidats (à la vie religieuse, ndlr) est fondamentale. Les quatre piliers de la formation sont : spirituel, intellectuel, communautaire et apostolique. Le fantasme à combattre est l’image d’une vie religieuse vue comme un refuge et une consolation devant un monde ‘extérieur’ difficile et complexe“.
Hypocrisie: “La culture actuelle est plus riche et conflictuelle que celle que nous avons vécue, à notre époque, il y a longtemps. (…) Pour éviter les problèmes, dans certaines maisons de formation, les jeunes serrent les dents, ils cherchent à ne pas commettre d’erreurs évidentes, d’être en règle en faisant beaucoup de sourires dans l’attente qu’on leur dise un jour : ‘bien, tu as fini ta formation’. Ceci est une hypocrisie fruit du cléricalisme, qui est l’un des mots les plus terribles“.

Inculturation: “Il existe des Eglises qui donnent des fruits nouveaux. Par le passé, peut-être n’étaient-elles pas aussi fécondes, mais elles le sont désormais. Cela nous oblige naturellement à revoir l’inculturation du charisme“.
Jeunes: “Celui qui travaille avec les jeunes, ne peut se limiter à dire des choses trop ordonnées et structurées comme un traité, parce qu’elles ne touchent pas ces jeunes. Il faut un nouveau langage, une nouvelle façon de dire les choses. Dieu nous demande aujourd’hui ceci : sortir du nid dans lequel nous sommes pour être envoyés“.
Novices: “Il faut avoir les yeux ouverts sur cette situation“ a dit le pape en évoquant la “traite des novices“, c’est-à-dire l’arrivée massive de congrégations étrangères qui ouvrirent des maisons religieuses aux Philippines, afin de trouver de nouvelles recrues pour l’Europe“.
Pêché: “La vie est complexe, elle est faite de grâce et de pêchés. Celui qui ne pêche pas n’est pas homme. Nous faisons des erreurs et nous devons reconnaître notre faiblesse. Un religieux qui se reconnaît faible et pêcheur ne contredit pas le témoignage qu’il est appelé à donner, mais au contraire il le renforce et cela fait du bien à tous“.
Pêcheurs: “Si un jeune qui a été invité à quitter un institut religieux à cause de problèmes de formation et pour des motifs graves est ensuite accepté dans un séminaire, c’est un gros problème. Je ne parle pas de gens qui se reconnaissent pêcheurs : nous sommes tous pêcheurs, mais nous ne sommes pas tous corrompus. On accepte les pêcheurs mais pas les corrompus“.

Pédophilie: “Cela (l’attitude de Benoît XVI face aux affaires de pédophilie) doit nous servir d’exemple pour avoir le courage de considérer la formation personnelle comme un défi sérieux en ayant toujours à l’esprit le peuple de Dieu“.
Périphéries: “Les grands changements de l’Histoire ont eu lieu lorsque la réalité a été vue non du centre, mais de la périphérie. C’est une question herméneutique : on comprend la réalité seulement si on la regarde depuis la périphérie et non si notre regard se place au centre, équidistant de tout. Pour comprendre vraiment la réalité, nous devons nous déplacer de la position centrale de calme et de tranquillité pour nous diriger vers la zone périphérique. Etre en périphérie aide à mieux voir et mieux comprendre, à faire une meilleure analyse de la réalité, en fuyant de nouveau le centralisme et les approches idéologiques“.
Prophètes: “Dans la vie consacrée, “l’accent doit être mis sur l’être prophètes et non de faire semblant de l’être. Naturellement le démon nous présente cette tentation et c’en est une : jouer à faire les prophètes sans l’être, en prendre les attitudes. Mais l’on ne peut jouer à cela. J’ai moi-même vu des choses très tristes à ce propos. Non : les religieux et les religieuses sont des hommes et des femmes qui illuminent l’avenir“.
Religieux non-prêtres: “Je ne crois pas du tout que la crise des vocations des religieux non-prêtres soit un signe des temps pour dire que cette vocation est terminée. Au mieux, nous devons comprendre ce que Dieu est en train de nous demander“.
Séminaire: “La formation est une œuvre artisanale et non policière. Nous devons former le cœur, sinon nous formons de petits monstres et ces petits monstres forment le peuple de Dieu, cela me donne vraiment la chair de poule“.
Témoignage: “Benoît XVI a dit que l’Eglise grandit par le témoignage et non par prosélytisme. Le témoignage qui peut attirer vraiment est lié à des attitudes qui ne sont pas habituelles : la générosité, le détachement, le sacrifice, l’oubli de soi, pour s’occuper des autres. Voici le témoignage, le ‘martyr’ de la vie religieuse“.







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