La Revue de la Presse Catholique d’Afrique. mercredi 01 janvier 2014
Bonne Année 2014 ! En attendant que les rotatives des journaux catholiques se remettent
en action après la pause des festivités de Noël, je crois pouvoir dire que tous les
confrères se feront, tout au long de cette semaine, le devoir de se plier à la tradition
de présentation des vœux de nouvel an. En attendant, nous pouvons nous réjouir de
retrouver en bonne place le portail de l’Eglise catholique au Sénégal, SENKTO, après
une éclipse dûe, semble-t-il, à des questions techniques. Une Eglise sachant
se prendre en charge Pour cette relance, le portail répercute la vigoureuse
interpellation du Cardinal-Archevêque de Dakar, Théodore Adrien Sarr qui dénonce en
des termes directs la frilosité de ses diocésains dans les quêtes et les dons, ce
qui retarde énormément la construction du sanctuaire diocésain de Saint Paul de Grand
Yoff. « Nous catholiques sénégalais, je le dis sans crainte, nous manquons de générosité
pour notre église », a-t-il dit lors d’une rencontre d'information sur le projet de
construction du sanctuaire. « Nous attendons toujours que Monseigneur ou Mon père
fassent quelque chose alors que, normalement nous devons nous mobiliser pour construire
nos églises, faire vivre nos prêtres et trouver à nos communautés paroissiales les
moyens dont ils ont besoin pour travailler » a-t-il dit, précisant que construire
un sanctuaire à 2 milliards de francs CFA n’est pas hors de portée des catholiques
sénégalais. « Nous pouvons y arriver, parce qu’on a fait tellement de simulation pour
montrer que si chaque chrétien donnait régulièrement entre 100 et 1.000 francs, on
aurait récolté des sommes immenses et normalement on aurait déjà pu terminer la construction
de l’église » a-t-il estimé. La question de la prise en charge des Eglises en Afrique
par les communautés elles-mêmes est une question lancinante ; elle revient dans les
débats et les interpellations des pasteurs à l’ouest, au centre comme à l’est du continent.
Nombre d’entre eux secouent la torpeur des fidèles pour rappeler qu’une Eglise est
mûre lorsqu’elle sait subvenir à ses besoins, ainsi que l’a dit le Cardinal Sarr. Le
poids des réalités coloniales Et cette réflexion peut tomber à point nommé
pour servir de transition avec un autre thème, pas si éloigné en vérité, abordé récemment
à Rome au cours de l’assemblée plénière du Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux,
par Mgr Mathew Hassan Kukah, Evêque de Sokoto, au nord du Nigéria. Sans détours là
aussi, Mgr Kukah a souligné dans une intervention que rapporte l’agence catholique
nationale d’information du Nigéria, CNSN : le colonialisme a apporté du bien à l’Afrique,
mais il y a importé et laissé en traces profondes aussi quelques perversités. Aujourd’hui
encore l’identité de l’Eglise africaine, soutient l’Evêque, continue de se voir sous
le prisme de ce que colons et missionnaires de l’époque coloniale ont laissé. Certains
aspects des tensions que l’on a pu y voir par le passé entre l’islam et les adeptes
des religions traditionnelles africaines furent exacerbées par les colons. Il en est
résulté un antagonisme artificiel dans lequel puisent encore certains djihadistes
aujourd’hui, soutient Mgr Kukah. Pour comprendre « le poids » d’une telle déclaration,
il faut signaler que Mgr Kukah est Evêque au cœur de ce que l’on pourrait définir
la nation du Nigéria islamique profond, le sultan de Sokoto jouissant d’une renommée
et exerçant une forte influence sur l’ensemble de la nation. Et, puis, pourrait-on
ajouter, les deux prénoms de Mgr Kukah, un chrétien et un musulman, soulignent aussi
l’entrelacs de la réalité qu’il dépeint et qu’il connaît bien. Continuons
de prier pour nos prêtres Rappelons pour terminer ce message qu’affiche depuis
plus d’un an CENCO, portail de l’Eglise catholique en République démocratique du Congo
: « les trois pères Assomptionnistes qui ont été enlevés au mois d'octobre (2012
– Ndlr), sont toujours aux mains de leurs ravisseurs. La Conférence Episcopale Nationale
du Congo, et particulièrement le diocèse de Butembo-Béni continue à demander leur
libération. Ces prêtres n'ont rien fait pour mériter ce sort. Que ceux qui les détiennent
se ravisent et qu'ils les laissent servir Dieu ».