2013-12-27 16:50:38

Message du Cardinal Laurent Mosengwo pour Noël 2013


Le cardinal Laurent Mosengwo Pasinya, archevêque en République Démocratique du Congo, a adressé un message intitulés Noël 2013, à tous les fidèles, communautés chrétiennes, religieux et religieuses, à l’occasion de la fête de Noel. Dans son message, le prélat évoque notamment, le mystère de Noel : Dieu qui se fait homme pour « partager notre condition humaine en tout, sauf le péché ». il revient également sur les paroles du Pape François, dans son Exhortation apostolique, Evangelii gaudium: « Une Eglise pauvre, pour les pauvres ».
L’intégralité du message du cardinal Laurent Mosengwo Pasinya:

1.C’est la fête de Noël : « Un enfant nous est né aujourd’hui »(Lc 2, 11). Jour de joie, jour d’allégresse. C’est l’Ange du Ciel qui vient l’annoncer, car rien dans cet événement, qui accomplit pourtant la plénitude du temps et de l’histoire, « l’aujourd’hui » (Lc 2, 12) de Dieu, ne laisse transparaître la grandeur et la profondeur du mystère. Le mystère, c’est un mystère d’Amour : Dieu se fait homme, pour être visible à nos yeux (Préface), pour être avec nous, pour vivre avec nous, pour « partager notre condition humaine en tout, sauf le péché » (cfr Hébreux 4, 15). Oui, désormais l’homme n’est plus seul, Dieu est avec lui : l’« Emmanuel annoncé par Isaïe » (Is. 7, 14 cfr Mt 1, 23). Ses joies et ses peines, ses fatigues, sa vie quotidienne de travail humain est partagée avec Dieu : visiblement.

2.Ce mystère du salut, c’est ce que Dieu a voulu depuis l’éternité : venir partager l’humanité de l’homme (Incarnation) pour l’élever à la divinité de Dieu. Entrer visiblement dans l’histoire de l’homme, pour que l’homme comprenne sa valeur, sa dignité, sa destinée, sa grandeur (Divinisation).

3.Mais le mystère, c’est le petit enfant de la grotte et de la crèche. « Il est né dans des circonstances évidentes de « rejet » et de « refus » : « Il est venu chez les siens, et les siens ne l’ont pas accueilli » (Jn 1, 11). « L’humanité a accueilli Jésus dans des conditions de « rejet » volontaire ou involontaire : « Il n’y avait pas de place pour lui et ses parents dans la salle d’hôtes » (Lc 1, 7). Episode symptomatique : Jésus gêne déjà par sa présence. C’est ce qu’il connaîtra pendant sa vie, son ministère, et la fin de sa vie. Il n’est pas venu en conquérant victorieux : il est venu pour promouvoir la liberté : celle du cœur, celle de l’esprit, la liberté de la personne humaine, à qui il donne le pouvoir de devenir enfants de Dieu » (cfr Jn 1, 12). On ne devient pas chrétien(ne) par contrainte, mais par une adhésion libre. On ne pratique pas non plus la vertu par contrainte, mais librement, par un acte volontaire. Mystère de la liberté humaine, que Dieu préserve jalousement, parce que lui aussi est souverainement libre, et n’agit pas par contrainte, mais par amour.

4.Le mystère, c’est aussi les bergers, des personnes simples qui, à l’époque, étaient les exclus de la société, les marginaux, les petits et les pauvres. C’est à eux que le message est adressé d’abord et, à travers eux, à tous les autres (Lc 2, 18). Dieu aime les pauvres, les déshérités, les exclus de la société. Ce n’est pas tant la pauvreté en tant que telle, mais les pauvres, parce que la dignité humaine leur est déniée.

5.Nous avons mission de nous occuper de leur misère, et de leur rendre la dignité de la personne. Leur situation interpelle l’Eglise et la société. C’est de cette manière que nous pouvons faire nôtre les paroles du Saint-Père : « Une Eglise pauvre, pour les pauvres » (Pape François, Exhortation apostolique, Evangelii gaudium, n°198). Il sied d’insister sur ces paroles profondes de Sa Sainteté le Pape François : « Je désire une Église pauvre pour les pauvres. Ils ont beaucoup à nous enseigner. En plus de participer au sensus fidei, par leurs propres souffrances ils connaissent le Christ souffrant. Il est nécessaire que tous nous nous laissions évangéliser par eux. La nouvelle évangélisation est une invitation à reconnaître la force salvifique de leurs existences, et à les mettre au centre du cheminement de l’Église. Nous sommes appelés à découvrir le Christ en eux, à prêter notre voix à leurs causes, mais aussi à être leurs amis, à les écouter, à les comprendre et à accueillir la mystérieuse sagesse que Dieu veut nous communiquer à travers eux. Notre engagement ne consiste pas exclusivement en des actions ou des programmes de promotion et d’assistance; ce que l’Esprit suscite n’est pas un débordement d’activisme, mais avant tout une attention à l’autre qu’il « considère comme un avec lui ». Cette attention aimante est le début d’une véritable préoccupation pour sa personne, à partir de laquelle je désire chercher effectivement son bien. Cela implique de valoriser le pauvre dans sa bonté propre, avec sa manière d’être, avec sa culture, avec sa façon de vivre la foi. Le véritable amour est toujours contemplatif, il nous permet de servir l’autre non par nécessité ni par vanité, mais parce qu’il est beau, au-delà de ses apparences : « C’est parce qu’on aime quelqu’un qu’on lui fait des cadeaux ». Le pauvre, quand il est aimé, « est estimé d’un grand prix » et ceci différencie l’authentique option pour les pauvres d’une quelconque idéologie, d’une quelconque intention d’utiliser les pauvres au service d’intérêts personnels ou politiques. C’est seulement à partir de cette proximité réelle et cordiale que nous pouvons les accompagner comme il convient sur leur chemin de libération. C’est seulement cela qui rendra possible que « dans toutes les communautés chrétiennes, les pauvres se sentent “chez eux”. Ce style ne serait-il pas la présentation la plus grande et la plus efficace de la Bonne Nouvelle du Royaume ? " Sans l’option préférentielle pour les plus pauvres « l’annonce de l’Évangile, qui demeure la première des charités, risque d’être incomprise ou de se noyer dans un flot de paroles auquel la société actuelle de la communication nous expose quotidiennement. » (Exhortation Apostolique, Evangelii gaudium n°198-199).

6.C’est dans cette pratique d’une Eglise pour les pauvres, de leur condition de vie, de leur culture, de leurs problématiques, d’une vie de solidarité avec eux, que chacun, selon les dons reçus de l’Esprit, à commencer par nos paroisses et nos CEVB, conformera sa vie à l’enseignement du Saint-Père et vivra ce profond mystère d’un Dieu fait homme, pour nous enrichir par sa pauvreté.

7.C’est dans ce même esprit que nous recevons le grand message de Noël : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux. Paix aux hommes qu’il aime ». La paix entre les humains, dans l’Eglise-famille de Dieu, qui s’ouvre aux horizons du monde et leur ouvre les bras. Paix des cœurs et des esprits, paix qui refuse la guerre et les conflits armés, paix parce que nous sommes tous des membres d’une même famille humaine, à l’image de la famille trinitaire.

8.Que la Vierge Marie et Saint Joseph, qui ont veillé sur l’enfant Jésus, consolident en vous cette paix et nous obtiennent d’accueillir et d’aimer Jésus, le Sauveur que Dieu nous envoie.

9.Cette paix de Dieu, que Jésus nous a donnée en plénitude, voilà ce que je vous souhaite en abondance ; en suppliant le Seigneur de vous l’accorder par ma bénédiction. Au nom du Père, et du Fils et du Saint Esprit.

10.Joyeux Noël et Heureuse Année à tous.







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