Liban : attentat contre un politique libanais hostile au régime syrien
Un proche conseiller de l'ex-Premier ministre Saad Hariri, hostile au régime syrien
et à son allié le Hezbollah, a été tué vendredi dans un attentat à la voiture piégée
à Beyrouth marquant une nouvelle escalade dans ce pays divisé entre partisans et opposants
de Damas.
Le Hezbollah et la Syrie pointés du doigt
M. Hariri,
qui dirige la coalition dite du 14 mars, dont M. Chatah était un stratège, a mis en
cause le Hezbollah et Damas dans cet attentat qui a fait cinq autres morts, dont le
chauffeur de M. Chatah, et plus de 50 blessés, selon le ministère de la Santé. Le
mouvement chiite a pour sa part dénoncé l'attentat comme « une tentative répugnante
de porter atteinte à la stabilité et à l'unité nationale, qui ne profite qu'aux ennemis
du Liban ».
Le régime syrien a démenti toute implication, dénonçant des
« accusations arbitraires et sans discernement émanant de haines politiques ».
« Une Syrie unie et pacifique sous Assad n'est tout simplement plus possible
(...). On ne peut revenir au statu quo d'avant. L'Iran et le Hezbollah doivent
être conscients de cela plus que quiconque », écrivait sur son blog le 5 septembre
Mohammad Chatah, 9e personnalité libanaise critique du régime de Damas et du Hezbollah
à être assassinée depuis 2005.
Condamnations unanimes
Le président
de la République Michel Sleimane et le Premier ministre sortant Najib Miqati ont salué
une « personnalité modérée ».
Le président français François Hollande
a condamné un « lâche attentat ». L'Arabie saoudite a « fermement »
condamné « une attaque terroriste scandaleuse » et le Qatar a dénoncé un «
acte criminel en contradiction avec toute les valeurs humaines ». Les ambassadeurs
de France, des Etats-Unis et de Grande-Bretagne, pays qui soutiennent la coalition
du 14 mars, se sont rendus sur le lieu de l'attentat. Angelina Eichhorst, ambassadrice
de l'UE, a estimé que cet assassinat était « un message contre la modération
».
La puissante explosion a dévasté une des artères du centre-ville, considéré
comme l'une des zones les plus sécurisées de Beyrouth et très fréquenté en particulier
le soir en cette période de fêtes. Des journalistes de l'AFP ont vu au moins quatre
cadavres dans la rue, du sang sur les trottoirs, des voitures calcinées et une dizaine
d'immeubles à la devanture dévastée. Au moment de l'explosion, M. Chatah, 62 ans,
également ex-ministre des Finances et ancien ambassadeur à Washington, se rendait
chez M. Hariri, où devait se tenir à 9h30 une réunion de sa coalition.(AFP)
Photo
: L'explosion de la voiture piégée a été ressentie à travers la capitale libanaise,
dévastant une grande artère du centre-ville.