Le Père Pascal Montavit nous propose son commentaire de l'Evangile du dimanche 29
décembre, dimanche de la Sainte Famille. Evangile selon Matthieu 2, 13 - 15. 19 -
23: « Après le départ des Mages, l'Ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et
lui dit : "Lève-toi ; prends l'enfant et sa mère, et fuis en Egypte" »
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le commentaire du Père Pascal Montavit
Nous
fêtons aujourd’hui la Sainte Famille. L’Évangile de ce jour nous parle de la fuite
en Egypte et du retour, à la mort d’Hérode, au pays d’Israël. Dans cet
épisode nous voyons avant tout, Jésus, Fils de Dieu, enfant sans défense, confié à
une mère et un père. Dieu lui-même, nouveau-né dans la chair, se confie totalement
à un couple qui va le protéger, prendre soin de lui, et permettre qu’il grandisse
en taille et en sagesse (Lc 2,52). Dieu confie son fils Jésus à un homme et à une
femme durant toute son enfance. Cette particularité nous montre combien la famille
fait partie de l’ordre naturel de la création voulu par Dieu pour permettre à un enfant
de grandir et de devenir adulte. Mais qu’est-ce qu’un couple peut faire pour sauver
un enfant alors que le roi lui-même, Hérode, a décidé de sa mort.
L’histoire
montre que c’est bien la famille qui en ressort vainqueur, avec l’aide de Dieu. Cet
épisode nous dévoile aussi le vrai visage du Seigneur qui annule les fausses images
d’un Dieu uniquement Tout-Puissant. Certes, Dieu est Tout-Puissant. Mais il se rend
aussi vulnérable dans les mains des hommes. C’est ce que nous vivons à chaque eucharistie.
Par sa présence réelle dans l’hostie consacrée, Dieu se livre aux mains des hommes
qui parfois, abuseront du pouvoir qui leur est donné. Dieu se fait pauvre et vulnérable
afin que nous n’ayons pas peur de nous approcher de lui. Qui pourrait craindre un
Dieu qui se livre ainsi aux hommes. Dieu se fait tout-petit pour que l’homme ose l’aimer,
le découvrir et se mettre à sa suite.
Dans ce passage de la fuite en
Egypte, Marie ne dit rien. Elle suit Joseph à qui l’Ange du Seigneur donne ses instructions.
Une femme qui vient de mettre au monde un enfant et qui doit fuir en Egypte pourrait
légitimement s’interroger sur la logique du plan de Dieu. Un tel voyage n’est-il pas
trop risqué pour le nouveau-né ? Elle qui est tombée enceinte par l’action du Saint
Esprit sait que le bras du Seigneur n’est pas trop court pour accomplir prodiges et
merveilles. Et pourtant, dans ce cas précis, l’Ange du Seigneur commande la fuite.
En cela, la Sainte Famille revit l’histoire même d’Abraham. A peine arrivé sur la
terre que Dieu lui a promise, Abraham doit repartir avec tout son clan en Égypte car
une famine sévit au pays de Canaan (Gn 12). Le Seigneur accomplit ses promesses mais
les épreuves ne manquent pas. Marie nous donne l’exemple de celle qui accepte ses
épreuves sans rien dire, mettant toute sa confiance en Dieu et en Joseph qu’il lui
a été donné comme époux.
Enfin, Joseph témoigne d’une obéissance parfaite.
L’Ange du Seigneur lui dit : « Lève-toi, prends l’enfant et sa mère, et fuis en Égypte
» (Mt 2,14). Alors Joseph se lève dans la nuit, prend l’enfant et sa mère et se retire
en Egypte. Puis l’Ange du Seigneur lui dit « Lève-toi, prends l’enfant et sa mère,
et reviens au pays d’Israël » (Mt 2,20). Et Joseph prend l’enfant et sa mère et rentre
au pays d’Israël sans poser aucune question. Mais l’obéissance de Joseph n’exclut
pas non plus la raison. Il est dit « qu’apprenant qu’Archélaüs régnait sur la Judée,
il eut peur de s’y rendre ». C’est ensuite que l’Ange du Seigneur lui indique de se
retirer en Galilée plutôt que d’aller en Judée. L’obéissance de Joseph est donc totale
mais elle n’est pas celle d’un robot sans intelligence. Il se rend compte du danger
qu’il y a à retourner en Judée. L’Ange du Seigneur vient, par la suite, le confirmer
dans sa crainte.
En ce dimanche de la Sainte Famille, prions pour que
notre société sache reconnaître que rien ne peut remplacer une famille pour permettre
à un enfant de grandir. C’est ce que Dieu lui-même a choisi pour Jésus.