(RV) Entretien - Vivre un Noël sans excès c’est possible. C’est ce que propose
cette année encore le Collectif vivre autrement. Ce collectif, qui regroupe 24 associations
chrétiennes, a décidé de proposer en plus de l’affiche habituelle, un livret pédagogique
: « Noël sans cadeaux mais avec joie, simplicité, imagination, fête ». Ce livret a
été pensé pour accompagner de manière constructive les personnes qui en ont assez
des fêtes remplies exclusivement de cadeaux et d’excès alimentaires.
Audrey
Radondy a interrogé Laura Morosini, de l’association Chrétiens unis pour la terre.
Elle est l’un des auteurs du livret
Si vous voulez
vous procurer ce livret, vous pouvez le télécharger sur le site collectifvivreautrement.org
Texte
de l'entretien :
L’idée, ça a été de proposer beaucoup d’idées et d’expériences
vécues par différentes personnes, soit membre du collectif soit de leur entourage,
qui ont eu des initiatives originales par les années passées pour les partager et
s’en inspirer.
Qu’est-ce qui est proposé dans ce livret ? Il y a
un aspect historique avec des textes provenant d’une anthropologue qui a beaucoup
étudié comment s’est mise en place la fête de Noel et comment s’est mis en place en
particulier l’usage des cadeaux qui est un usage tout à fait récent, ça n’a même pas
cent ans et qui nous permet aussi de relativiser cette place des cadeaux qui ont fini
un peu par prendre toute la place ce jour-là et dans les semaines qui précèdent, un
peu au détriment de la préparation intérieure et d’autres aspects plus humains et
plus spirituels. Une deuxième partie qui revient chaque semaine, c’est une proposition
de quelques textes de prière et de médiation pour se préparer à Noël et surtout, il
y a dans ce livret, treize fiches pratiques décrivant les expériences de tel ou tel
et proposant comment les mettre en place. Par exemple, Christine explique comment
elle a crée un déguisement pour ses enfants qu’elle a confectionné de manière simple.
Une autre personne explique comment, dans sa famille, on pratique le tirage au sort
des cadeaux afin d’éviter, comme c’est une grande famille, que tout le monde fasse
un cadeau à tout le monde, mais que chacun donne et reçoive un seul cadeau. Mais ce
cadeau aura été préparé avec beaucoup plus d’attention et on y aura consacré beaucoup
plus de temps. Le temps est vraiment un élément clef.
Qu’est-ce qu’il faut
vraiment privilégier pendant ce temps de Noël ? La clef, c’est vraiment le
temps et de se poser avant Noël, que ce soit pour penser à quelqu’un a qui on peut
manifester une marque d’attention ou que ce soit pour faire en sorte de ne pas vivre
Noël dans le stress mais vraiment dans la joie de la venue du Christ. L’idée, c’est
de mettre un peu de côté l’aspect cadeaux et nourriture mais de diminuer l’importance
des objets et d’augmenter l’importance de la spiritualité et des relations humaines.
Est-ce
que vous pensez que chez les fidèles, pour certains, il y a une perte du sens-même
de Noël dans son essence et qui se focalise plus maintenant sur les choses commerciales
? Qu’on le veuille ou pas, on fait partie d’une société et on est tous soumis
au même poids de la publicité, à la même pression des messages d’injonctions qui nous
disent qu’on est un bon parent, un bon frère, un bon enfant si on nous couvre de cadeaux,
si on refait toute la décoration de la maison, si on dépense beaucoup d’argent à
Noël. Notre idée, c’est aussi de se dire qu’on peut se libérer. Le Christ a porté
un message libérateur, ce n’est pas pour que l’on se fasse enchainer par la société
de consommation. Et aussi, que le Christ est venu à Noël dans une humilité extrême.
Et nous, comment est-ce qu’on accueille cet humble qui est l’exclu ? Alors, l’exclu,
ça peut être effectivement d’inviter quelqu’un d’isolé mais ça peut être aussi de
prendre en compte dans notre vécu de Noël, la souffrance des personnes qui sont à
l’autre bout du monde et qui vivent le dérèglement climatique. Et du coup, faire attention
aux questions énergétiques par exemple. Ou alors, les personnes qui fabriquent des
jouets ou des vêtements dans des conditions abominables. Et du coup, on évitera d’aggraver
leurs souffrances en offrant des choses qui ont nécessité ce travail proche de l’esclavage
en se disant que finalement, ce Jésus qui a été refusé de partout et qui a été laissé
à la porte, est-ce que nous on ne fait pas pareil finalement en excluant de notre
fête, tout ce qui nous gêne et tout ce qui n’est pas facile à prendre en compte ?
Vous
pensez justement que la période de Noël, c’est une période où les gens sont plus réceptifs
à ce genre de changement où à cette façon différente de voir les choses ? C’est
très ambivalent. On est tous très tiraillés par à la fois l’injonction de consommer
et l’envie de vivre quelque chose d’exceptionnel. Alors, ou est-ce qu’on place l’émerveillement
et le moment d’exception ? Dans une des idées du livret, on propose de planter un
arbre à la campagne ou à la montagne à Noël. Si on plante un arbre ensemble, on fera
quelque chose à la fois pour la planète mais on vivra ensemble aussi un moment exceptionnel
qui apportera quelque chose d’intense à ce jour-là.