Le 17 décembre 2013, le Pape François a déclaré saint le jésuite français Pierre Favre
(1506-1546), ami de saint Ignace de Loyola (1491-1556) et co-fondateur de la Compagnie
de Jésus. Au cours d’une audience accordée au préfet de la Congrégation des causes
des saints, le cardinal Angelo Amato, il a étendu le culte liturgique de cette figure
jésuite à l’Eglise universelle, sans qu’une cérémonie de canonisation ne soit nécessaire. Quelques
semaines auparavant, le quotidien italien Avvenire, qui appartient à la conférence
des évêques italiens, avait annoncé cette décision du Pape validant cette canonisation
par sa propre initiative. Dans ces cas-là, très rare, c’est la section historique
de la Congrégation pour les causes des saints qui est chargée d’enquêter sur des personnes
au culte déjà ancien et reconnu, sans qu’un miracle contemporain ne soit requis, mais
simplement les récits dignes de foi de miracles advenus avant ou après la mort du
futur saint.
Un homme de grandes et fortes décisions, un doux qui dialogue
avec tous
Dans sa longue interview à la revue jésuite La Civiltà cattolica,
publiée le 20 septembre dernier, le Pape François avait affirmé que le Père Favre
était sa figure jésuite préférée. Dans cette interview, le Pape insistait sur la capacité
du jésuite savoyard à dialoguer avec tous, y compris avec “les plus lointains“ et
“les adversaires de la Compagnie“. Il relevait également sa “piété simple, une certaine
ingénuité peut-être, sa disponibilité immédiate, son discernement intérieur attentif“.
Le
premier prêtre de l'ordre des jésuites
Un homme “de grandes et fortes décisions“,
un “doux“ qui “dialogue avec tous“. Ce sont, selon le Pape François, quelques-uns
des traits de caractère du jésuite Pierre Favre qui, au 16e siècle, fut l’un des premiers
compagnons de saint Ignace de Loyola, fondateur de la Compagnie de Jésus. En 1525,
au collège parisien Sainte-Barbe, Ignace partagea sa chambre avec cet étudiant savoyard
qui fut ensuite le premier prêtre de l’ordre religieux naissant. Avec un troisième
étudiant, le futur saint François-Xavier, ils formèrent “les amis dans le Seigneur“,
la genèse de l’ordre jésuite.
Ainsi, le Pape François, jésuite lui aussi, ne
cache pas son affection pour cet homme qui, pour le renouvellement spirituel et la
réforme du catholicisme, parcouru ensuite durant de nombreuses années les routes d’Europe
en mission. A la demande de Rome, Pierre Favre se rendit ainsi en Italie, en Allemagne,
en Espagne et au Portugal, au point qu’il en perdit la santé. Dès lors, le Pape
François souhaitait que le religieux, béatifié par Pie IX en 1872, soit proclamé saint.
De même qu’il l’a fait pour la prochaine canonisation de Jean XXIII, le Pape n’a pas
attendu que la Congrégation romaine des causes des saints valide un miracle obtenu
par son intercession.