2013-12-18 17:13:16

La vie toujours plus compliquée pour les chrétiens syriens


(RV) Entretien - Au moins 135 personnes, dont des dizaines d'enfants, ont péri depuis dimanche dans les raids de l'armée de l'air syrienne sur les quartiers rebelles d'Alep, la grande métropole du nord, a indiqué mercredi l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Le bilan le plus lourd a été enregistré dimanche, au premier jour de cette offensive aérienne qui vise à écraser la rébellion dans les secteurs contrôlés par les insurgés, avec 76 personnes tuées dont 28 enfants dans six quartiers, d'après l'OSDH.

Médecins sans frontières (MSF) a également fait état de plus de cent personnes tuées notamment par des barils lancés depuis des hélicoptères, précisant que plusieurs hôpitaux, déjà démunis, étaient débordés par l'afflux de victimes. Selon l'OSDH et des militants, l'armée utilise des « barils d'explosifs » tapissés de béton et remplis de TNT « pour faire un maximum de destructions et de morts ».

L’archevêque grec-catholique d’Alep, Mgr Jean-Clément Jeanbart, raconte à Salvatore Sabatino les conditions de vie dans sa ville du nord-ouest syrien : RealAudioMP3


Comment vivez-vous dans ces conditions ?
La situation est très difficile et très dure pour les habitants d’Alep. Il fait très froid. Les moyens pour se réchauffer sont vraiment très pauvres : il n’y a pas d’électricité, il n’y a pas suffisamment de carburant et les prix ont augmenté. C’est une vie vraiment difficile pour nous et pour les fidèles surtout.

Mais les familles pauvres, les enfants les plus pauvres ,-encore plus que ceux qui ont un peu d’argent-, souffrent énormément. Et nous ne savons pas comment vont se terminer les choses parce qu’il y a des bombardements venant de tous les côtés et ils n’épargnent aucun quartier, même les quartiers chrétiens. La périphérie est également bombardée par les avions et les canons de l’armée. En fin de compte, ce sont les citoyens qui paient le prix de cette guerre vraiment folle.

Il y a également une autre tragédie qui touche des villages chrétiens, comme Maaloula. Qu’est-ce qu’il s’y passe ?
Tout à fait. Des grands villages où des fondamentalistes comme les membres de l’armée de Al-Nosra sont rentrés. Ils ont imposé la loi coranique. Ils perçoivent maintenant la dime, taxe spéciale pour les non-musulmans. Et ils ont interdit la manifestation des signes chrétiens telles que les croix. On ne sonne plus les cloches dans les Églises. Les femmes doivent sortir voilées.

C’est une situation très pénible pour les chrétiens qui n’y sont pas habitués et qui n’acceptent pas cette position qui est pour eux comme une sorte de torture morale. Mardi, un prêtre d’un de nos villages nous a appelé et nous a dit qu’ils sont vraiment très malheureux. Mais, nous résistons, nous essayons de nous arranger pour que ces moments très difficiles passent. On dirait que c’est une guerre satanique parce qu’elle n’engendre que des destructions, des morts et de l’injustice.

C’est quelque chose que nous supportons avec la foi et l’espérance. Nous demandons au Seigneur de nous aider à supporter ces contrariétés, à aider nos fidèles à résister, à rester et à ne pas quitter le pays. Leur départ serait une catastrophe. L’Église qui existe depuis deux mille ans, se trouvera vidée et si ça continue, se trouvera quasiment dans une situation de mort.

Photo : les ruines après les bombardements sur Alep, dans le nord-ouest de la Syrie, ici le 17 décembre







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