La vie toujours plus compliquée pour les chrétiens syriens
(RV) Entretien - Au moins 135 personnes, dont des dizaines d'enfants, ont péri
depuis dimanche dans les raids de l'armée de l'air syrienne sur les quartiers rebelles
d'Alep, la grande métropole du nord, a indiqué mercredi l'Observatoire syrien des
droits de l'Homme (OSDH). Le bilan le plus lourd a été enregistré dimanche, au premier
jour de cette offensive aérienne qui vise à écraser la rébellion dans les secteurs
contrôlés par les insurgés, avec 76 personnes tuées dont 28 enfants dans six quartiers,
d'après l'OSDH.
Médecins sans frontières (MSF) a également fait état de plus
de cent personnes tuées notamment par des barils lancés depuis des hélicoptères, précisant
que plusieurs hôpitaux, déjà démunis, étaient débordés par l'afflux de victimes. Selon
l'OSDH et des militants, l'armée utilise des « barils d'explosifs » tapissés
de béton et remplis de TNT « pour faire un maximum de destructions et de morts
».
L’archevêque grec-catholique d’Alep, Mgr Jean-Clément Jeanbart,
raconte à Salvatore Sabatino les conditions de vie dans sa ville du nord-ouest syrien
:
Comment
vivez-vous dans ces conditions ? La situation est très difficile et très dure
pour les habitants d’Alep. Il fait très froid. Les moyens pour se réchauffer sont
vraiment très pauvres : il n’y a pas d’électricité, il n’y a pas suffisamment de carburant
et les prix ont augmenté. C’est une vie vraiment difficile pour nous et pour les fidèles
surtout.
Mais les familles pauvres, les enfants les plus pauvres ,-encore
plus que ceux qui ont un peu d’argent-, souffrent énormément. Et nous ne savons pas
comment vont se terminer les choses parce qu’il y a des bombardements venant de tous
les côtés et ils n’épargnent aucun quartier, même les quartiers chrétiens. La périphérie
est également bombardée par les avions et les canons de l’armée. En fin de compte,
ce sont les citoyens qui paient le prix de cette guerre vraiment folle.
Il
y a également une autre tragédie qui touche des villages chrétiens, comme Maaloula.
Qu’est-ce qu’il s’y passe ? Tout à fait. Des grands villages où des fondamentalistes
comme les membres de l’armée de Al-Nosra sont rentrés. Ils ont imposé la loi coranique.
Ils perçoivent maintenant la dime, taxe spéciale pour les non-musulmans. Et ils ont
interdit la manifestation des signes chrétiens telles que les croix. On ne sonne plus
les cloches dans les Églises. Les femmes doivent sortir voilées.
C’est une
situation très pénible pour les chrétiens qui n’y sont pas habitués et qui n’acceptent
pas cette position qui est pour eux comme une sorte de torture morale. Mardi, un prêtre
d’un de nos villages nous a appelé et nous a dit qu’ils sont vraiment très malheureux.
Mais, nous résistons, nous essayons de nous arranger pour que ces moments très difficiles
passent. On dirait que c’est une guerre satanique parce qu’elle n’engendre que des
destructions, des morts et de l’injustice.
C’est quelque chose que nous supportons
avec la foi et l’espérance. Nous demandons au Seigneur de nous aider à supporter ces
contrariétés, à aider nos fidèles à résister, à rester et à ne pas quitter le pays.
Leur départ serait une catastrophe. L’Église qui existe depuis deux mille ans, se
trouvera vidée et si ça continue, se trouvera quasiment dans une situation de mort.
Photo
: les ruines après les bombardements sur Alep, dans le nord-ouest de la Syrie, ici
le 17 décembre