2013-12-12 19:26:22

Mexique : fin du monopole de Pemex


(RV) Entretien - C’est la fin d’une ère au Mexique : Pemex, géant des hydrocarbures, dont le nom rimait avec l’indépendance et le développement du pays, va perdre son monopole sur l’extraction, la production et la distribution du pétrole et du gaz notamment. Le Sénat fédéral, après la Chambre des députés, a adopté mercredi soir la réforme énergétique, fruit d’un accord entre le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), du président Enrique Peña Nieto, et le Parti action nationale (PAN), principal parti d’opposition.

Malgré la vive opposition de la gauche qui a dénoncé inlassablement ce projet depuis des mois, agitant la menace de la privatisation et de la perte par les Mexicains de leurs ressources naturelles, cette réforme constitutionnelle a été approuvée par 354 voix contre 134. Des députés du Mouvement citoyen ont essayé d’empêcher la tenue du scrutin en bloquant notamment l’accès à l’hémicycle. Mais ce projet phare de la présidence d’Enrique Peña Nieto, a franchi sa première étape décisive. De nouvelles lois vont en effet être nécessaires pour que la réforme puisse être effectivement appliquée et que les premiers partenaires privés puissent investir dans le champ énergétique au Mexique.

Interrogé par Xavier Sartre, David Recondo, chargé de recherche à Sciences Po Paris et attaché au CERI (Centre d’études et de recherches internationales), revient sur les principales transformations induites par cette réforme qui pose de nouveaux principes constitutionnels : RealAudioMP3

Le changement d’importance est la création de « conditions juridiques pour que les entreprises privées, mexicaines ou étrangères, puissent travailler avec l’entreprise publique Pemex », explique David Recondo. Pas question de parler de concessions mais « plutôt de contrats qui seront signés dans la gestion des risques, dans l’exploration ou dans l’extraction du pétrole ». Autrement, Pemex n’avait plus les moyens, ni financiers ni technologiques pour accomplir sa mission. C’est l’un des principaux arguments utilisés par le gouvernement pour promouvoir sa réforme.

« Faire de Pemex une entreprise avec une capacité à élaborer et mettre en œuvre sa vraie politique, sa stratégie », c’est là tout l’enjeu de la réforme selon David Recodon. « Pemex était jusqu’à maintenant complètement mise sous tutelle du gouvernement fédéral ». L’entreprise « ne restera plus la vache à lait » du pouvoir et devrait donc devenir beaucoup plus autonome comme l’ont pu être PDVSA au Venezuela ou Petrobras au Brésil.

Cela n’a pas convaincu la gauche ni une partie de la société qui n’y ont vu qu’une opération visant à privatiser le joyau national. Mais, selon le chercheur, ces dénonciations sont exagérées même s’il « faudra regarder de près comment les lois d’application seront rédigées ». C’est là que tout va se jouer. « Les énoncés constitutionnels laissent pas mal de marge pour permettre au secteur privé d'investir dans le secteur énergétique ».


Photo : des manifestants opposés à la réforme constitutionnelle ont défilé devant le Sénat mexicain








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