Entre tensions internes et guerre en Syrie, le Liban s'interroge
(RV) Entretien - Le Liban est ces jours-ci balayé par une tempête de neige,
surnommée Alexa. Dans L’Orient-Le Jour daté du 11 décembre, l’éditoraliste Issa Goraieb
bénit la venue de ces intempéries : « Bienvenue, frigorifiante Dame du Nord, dans
un pays qui ne ressemble à aucun de ceux figurant sur votre plan de vol. Un pays où
règnent la médiocrité et la prévarication », écrit-il. Un jugement révélateur
du ras-le bol de nombreux Libanais devant la paralysie politique du pays, les logiques
claniques, la crainte du confessionnalisme.
Depuis de longs mois le Liban souffre.
D’abord de ses interminables querelles internes qui font que le pays n’a toujours
pas de gouvernement, depuis huit mois maintenant. Le pays du Cèdre est aussi paralysé
par le conflit syrien à ses portes qui a provoqué un exode massif de Syriens sur son
sol mais voit aussi les combattants du Hezbollah s’engager directement aux côtés des
militaires de Bachar Al-Assad, en violation de la Déclaration de Baabda, un document
adopté en juin 2013 entre toutes les parties libanaises et qui invitait le pays à
se distancer des conflits dans les pays voisins.
Le modèle politique libanais
en question
A Beyrouth comme ailleurs, le climat semble volatile. Fin
novembre, des incidents ont éclaté entre étudiants pro-et anti-Hezbollah sur l’un
des campus de l’université Saint-Joseph de Beyrouth, des tensions révélatrices des
fractures de la société libanaise. Chirurgien de formation, le professeur Antoine
Courban enseigne la médecine à l’université Saint Joseph. Il est aussi un intellectuel
engagé, chroniqueur à l’Orient-le-Jour. En cette fin d’année 2013, il dresse un tableau
d’horizon de la société libanaise, minée par ces divisions, un pays dans lequel Benoît
XVI, il y a un peu plus d'un an, a effectué son dernier voyage pontifical :
Le Liban est
un pays qui semble toujours danser sur un volcan mais qui a toujours des raisons d’espérer.
Il reste ainsi un cas unique au Moyen-Orient selon Antoine Courban :
Photo
: les plus hautes autorités libanaises le 22 novembre à Beyrouth, lors du 70ème anniversaire
de l'indépendance du pays.