Centrafrique : Des milliers de personnes refugiés dans les Eglises
Le Père Trinchero, de la mission du Carmel de Bangui en Centrafrique a affirmé qu’environ
2000 personnes, dont de nombreux enfants sont arrivés en masse à la mission du Carmel. "Dans
l’église, plus de 350 personnes ont trouvé refuge. Les autres se trouvent dans les
petites maisons et dans la cour entre l’église et le réfectoire. Certains enfants
sont malades", poursuit le Père Trinchero. "Nous tentons actuellement de donner quelque
chose à manger à tout ce monde. Mais ce sera difficile, parce que nous ne pouvons
absolument pas sortir pour faire des achats. Nous avons déjà vidé le jardin et le
poulailler. Nous pouvons tenir encore pendant une journée mais pas plus, parce que
nous n'avons pas les moyens de donner à manger à 2000 personnes".
Une population
meurtrie et terrorisée par les violences
Le Père Aurelio Gazzera, qui œuvre
à Bozoum, dans le nord-est du pays, indique que la journée du 5 décembre 2013 "a constitué
une journée relativement calme jusqu’à 19h00 lorsque un certain nombre de tirs ont
résonné en ville. A 19h30, environ 300 à 400 personnes se sont rendues à la mission
afin de passer la nuit dans les locaux paroissiaux où elles se sentent en sécurité".
"Au matin du 6 décembre", poursuit le missionnaire, "chacun est retourné à son domicile
et nous avons pu tenir les cours dans les écoles, même si la moitié des élèves était
absente". "L’ensemble du pays est terrorisé", indique le Père Anicet Assingambi
de la paroisse Saint Charles de Lwanga, dans le nord de Bangui. Des dizaines de milliers
de personnes ont trouvé refuge dans les églises, à Bangui et dans tout le pays. "Plus
de 5000 personnes se trouvent dans les édifices paroissiaux. Une femme m’a raconté
avoir vu son frère touché par un tir de fusil. Tous les hommes qui sortent dans la
rue sont pris pour cible. Le corps d’un homme gît dans la rue hors des locaux paroissiaux
mais il est encore trop dangereux de s’aventurer à l’extérieur pour le prendre en
charge", affirme le Père Assingambi.
Mort et désolation
"Nous
n’avons rien à donner à ces personnes", déclare le Père Assingambi. "Leurs maisons
ont été mises à sac. Ils pleurent leurs morts. Leurs enfants pleuraient lorsqu’ils
sont arrivés à l’église. Nous chantons des hymnes et des prières pour tenter de les
calmer. Nous n’avons jamais rien vu d’aussi mauvais. Nous nous en remettons à Dieu.
Priez pour nous". Les collaborateurs de la Caritas sont dans l'impossibilité d’atteindre
les personnes se trouvant dans le besoin. A Bossangoa, dans le nord du pays, la Caritas
craint pour la sécurité de près de 40'000 personnes se trouvant dans les environs
de la mission catholique et de 1600 autres réfugiées dans une école. Le 6 décembre,
une roquette a touché la mission sans faire de victime. L’Eglise centrafricaine a
lancé un appel en vue d’un cessez-le-feu immédiat et du passage des secours et des
aides humanitaires.