Ses bâtiments défient l’apesanteur, sont résolument contemporains, sont religieux
ou profanes, utiles en même temps qu’esthétiques : l’architecte espagnol Santiago
Calatrava marque le domaine de l’architecture internationale depuis plus d’une trentaine
d’années au travers de réalisations comme la Cité des Arts et des Sciences de Valence,
la gare d’Orient à Lisbonne, la gare TGV Saint-Exupéry à Lyon, le pont de l’Alamillo
à Séville ou le stade olympique d’Athènes pour n’en citer que quelques-uns.
Les
Musées du Vatican et le Conseil pontifical pour la culture organisent une exposition
gratuite dans le bras de Charlemagne, place Saint-Pierre, consacrée à l’architecte
aujourd’hui âgé de 62 ans. Intitulée Santiago Calatrava, les métamorphoses de l’espace,
elle présente au public environ 140 œuvres de cet artiste protéiforme, qui ne se contente
pas de créer et de construire des bâtiments ou des ponts, mais qui dessine, peint,
et sculpte. Inaugurée ce mercredi soir, elle sera ouverte au public ce jeudi.
Les
visiteurs pourront admirer des maquettes des principales réalisations de Santiago
Calatrava ou de ses projets en cours d’exécution comme celui de l’église grecque-orthodoxe
Saint-Nicolas, située à Ground Zero, lieu des attentats du 11 septembre 2001 à New
York, ou de la cathédrale Saint-Jean le Divin toujours à New York. Une des œuvres
les plus intéressantes est la maquette représentant la chapelle de Los Angeles dédiée
au père Junipero, frère franciscain qui fut envoyé comme missionnaire en Basse Californie
en 1767.
Des peintures et des aquarelles, œuvres préparatoires pour certaines,
montrent également comment l’architecte s’est inspiré soit d’œuvres d’art, comme des
icônes, soit de la nature pour aboutir aux plans finaux de ses œuvres architecturales.
Le reportage de Xavier Sartre
D’une
icône et de l’épanouissement d’une feuille de camélia, nait une église orthodoxe.
D’un tipi indien surgit une chapelle dont le toit se soulève comme deux feuilles ou
deux ailes d’oiseau pour créer une place ouverte sur l’extérieur. Santiago Calatrava
puise son inspiration dans l’art, l’histoire, ou la nature. Micol Forti, la curatrice
de l’exposition, revient sur l’idée qui la sous-tend :
« La ligne directrice
vient de ses études sur le visage humain, sur les formes de la nature, sur le mouvement
des animaux qui sont étudiés au travers d’une optique morphologique. Une grande tradition
qui vient de Goethe (la morphologie des plantes de Goethe). A l’origine du corps humain
il y a la vertèbre et à la base de la nature, il y a la feuille pour Goethe. Pour
lui, c’étaient les éléments primaires. Ça ne veut pas dire que tout nait d’eux, mais
que la structure essentielle de chaque phénomène sensible, donc de chaque accident,
dérive d’une certaine manière, d’un élément primaire. Calatrava raisonne, on peut
dire, un peu comme cela. »
Jouant des poids et des contrepoids, les
réalisations architecturales ou les sculptures de Santiago Calatrava semblent toutes
en suspension, se défiant de l’apesanteur. Ce n’est pas un hasard. L’architecte espagnol
aime jouer avec ces forces :
« Les forces peuvent être statiques si
chaque bloc est posé sur un autre, et même quand je mets un bloc sur un coin et que
je trouve un contrepoids qui le tient en équilibre. Cette magie de l’équilibre n’est
pas seulement faite d’élasticité, de gravité, mais aussi de règles qui dépassent celles
de la gravité tout en les respectant évidemment, sinon les objets ne tiendraient pas
debout. Ces règles sont la base, chez Calatrava, de ses sculptures qui sont très belles.
»
C’est ainsi que surgissent des opéras, des églises, des ponts, des
tours, qui semblent suspendre leur cours au-dessus de l’eau, ou dans l’air. Des œuvres
profanes ou religieuses qui puisent à la même source : l’homme et la nature.
Ouverture
gratuite au public : 5 décembre 2013 au 20 février 2014 Horaires : tous les jours
de 10h à 18h ; mercredi de 14h à 18h. Bras de Charlemagne, place Saint-Pierre
Photo
: une des sculptures de Santiago Calatrava, présentée à l'exposition