Un immense symbole tombe en Italie : Silvio Berlusconi n'est plus parlementaire. Le
Sénat a voté en faveur de sa déchéance mercredi soir. Depuis 20 ans, Silvio Berlusconi
avait toujours eu un mandat politique en Italie. Ce n’est donc plus le cas. En plus
de son mandat, le Cavaliere perd son immunité parlementaire et ne pourra plus être
élu pour au moins 6 ans. Ce vote est une conséquence de la récente loi Severino, votée
en 2012 et qui empêche un élu condamné de pouvoir siéger au Parlement.
Comme
attendu, les élus de gauche, du mouvement 5 étoiles et certains centristes du Sénat
ont uni leurs voix pour exclure Berlusconi du Palazzo Madama. Pendant les débats,
Silvio Berlusconi n'était pas sur les bancs du Sénat : il a prononcé un discours devant
chez lui, via del Plebiscito en plein centre de Rome, où plusieurs milliers de personnes
se sont rassemblées.
« Un jour de deuil pour la démocratie »
«
C'est un jour amer, un jour de deuil, pour le droit et la démocratie », a déclaré
Berlusconi, la main sur le cœur et le regard empreint d’émotion, tout de noir vêtu.
Il a de nouveau utilisé les arguments rebattus depuis sa condamnation, à savoir que
la justice italienne est orientée politiquement et qu’elle cherche uniquement à le
persécuter. Le Cavaliere a demandé la réouverture du procès Mediaset, affirmant qu’il
détient plusieurs documents démontrant son innocence. Le discours de Berlusconi avait
surtout des allures de meeting électoral : « nous sommes ici et nous serons encore
ici » s’est-il exclamé sous les applaudissements de la foule.
Car si Silvio
Berlusconi n’est plus sénateur, il ne compte pas quitter la vie politique italienne
pour autant. C’est avec Forza Italia, le parti créé en 1994 à son entrée en politique
et relancé il y a quelques semaines, qu’il va désormais s’exprimer. Selon un sondage
réalisé pour son compte, le centre-droit recueillerait 24% des suffrages en cas d'élections
anticipées, « deux points de plus que le centre gauche ».
Pas de menace
immédiate sur le gouvernement Letta
Cette déchéance de Berlusconi ne devrait
pas pour autant faire tomber le gouvernement de coalition. Mardi, Enrico Letta a obtenu
la confiance du Sénat sur le budget 2014. Il l'a emporté avec une courte avance, car
dans la nuit de mardi à mercredi les troupes de Silvio Berlusconi, sur l’ordre de
leur chef, ont voté contre le texte de loi. Forza Italia, le parti du Cavaliere, est
donc officiellement passé dans l’opposition.