Des représentants du gouvernement angolais ont démenti lundi que leur pays avait interdit
l'islam. Trois jours plutôt, certains médias, surtout en Afrique et au Moyen-orient,
avaient annoncé l'interdiction, en précisant que le gouvernement avait commencé à
détruire les mosquées. En fait, le ministre de la Culture avait seulement indiqué
que l'islam n'avait pas encore reçu d'agrément légal dans le pays. L'emballement médiatique
autour de cette nouvelle a principalement touché les médias du Moyen-Orient. Certains
titraient, le 25 novembre, que le pays africain était le premier à bannir l'islam
et prétendaient même que le président Jose Eduardo do Santos avait salué la mesure,
affirmant qu'elle représentait "la fin de l'influence islamique" sur le pays.
C'est
le journal marocain "La Nouvelle Tribune", le 22 novembre dernier, qui avait en premier
rapporté que l'Angola avait pris "des mesures qualifiées d'anti-islam" et annoncé
que les mosquées du pays seraient détruites. Le quotidien "India Today" avait fait
dire au ministre que l'interdiction était nécessaire, "du moment que l'islam va à
l'encontre de la culture et des coutumes angolaises".
Fausses photos, citations
improbables
Mais le média américain "International Business Times" a émis
des doutes, le 25 novembre, quant à la réalité de cette interdiction. Le journal cite
des représentants du gouvernement angolais démentant l'existence d'une telle mesure.
L'ambassade d'Angola à Washington a également confirmé, selon le site d'information
israélien "Arutz Sheva 7", que le pays "n'intervient pas dans les affaires de religion".
La source diplomatique a précisé que le président n'avait pas pu faire certaines des
déclarations qu'on lui a attribuées, puisqu'il était à l'extérieur du pays à ce moment-là.
L'ambassade a également souligné qu'aucune trace des déclarations alléguées du ministre
de la Culture n'avait pu être trouvée. Les photos ayant circulé, montrant prétendument
des destructions de mosquées en Angola, se sont également révélées vieilles de sept
ans et prises hors de l'Angola.
Processus de légalisation en cours
En
fait, dans une réponse aux questions des députés de l'Assemblée nationale, le 20 novembre
dernier, le ministre Rosa Cruz e Silva avait indiqué que le processus de légalisation
de l'islam n’avait pas encore été approuvé par le ministère de la Justice et des Droits
de l'Homme et que, comme d’autres confessions dans la même situation, ses lieux de
culte seraient fermés jusqu'à nouvel ordre. De 80'000 à 90'000 musulmans vivent en
Angola, sur une population de 16 millions d'habitants, majoritairement chrétiens.
(apic/ag)
(Photo: la mosquée du quartier de Viana, périphérie de Luanda,
détruite par des bulldozers )