Les personnes âgées malades nous interrogent sur notre vision de l’humanité
Jeudi 21 novembre s’est ouvert au Vatican, la 28e Conférence internationale du Conseil
Pontifical pour la Pastorale de la Santé. Cette année le thème est : « l’Église au
service de la personne âgée malade : traitement des personnes atteintes de maladies
neurodégénératives ».
Pendant trois jours, de nombreux chercheurs : médecins,
personnels ecclésiaux et sanitaire ou encore volontaires, tous opérant dans le milieu
de l’assistance aux personnes âgées, vont échanger et débattre sur cette thématique.
57 pays des cinq continents sont représentés et parmi eux la Belgique, dont
est originaire le père Pierre Jean Welsch. Assistant ecclésiastique des pharmaciens
catholiques, il revient sur la première matinée de cette conférence.
Le
père Pierre Jean Welsch, interrogé par Audrey Radondy
Que
retenez-vous de cette première matinée de conférence ?
Dans la conférence
inaugurale, donnée par le cardinal Eijk, il a fait apparaître un élément intéressant,
c’est que la culture des régions développées du monde, est en train, de manière comme
ça très insensible, de marginaliser la vieillesse elle-même. Donc l’allongement de
la vie est un phénomène qui est planétaire et dans le même temps on voit que la personne
qui est âgée fait tout pour ne pas le paraître. Et l’explication est assez simple,
devenir vieux n’est plus une performance.
Et donc ça rend la vie de
la personne âgée, beaucoup plus difficile, dans la culture qui a tous les moyens pour.
Une autre intervention a mis le doigt aussi sur un autre problème, celui de la dénatalité,
qui est un phénomène très préoccupant dans beaucoup de régions du monde et là où cette
natalité est encore élevée, on fait tout pour la baisser. Mais on se rend compte finalement,
que globalement, le nombre de personnes âgées va continuer à augmenter et ils sont
en attente d’une aide mais les enfants ne sont pas là.
Donc, c’est
là que finalement on se rend compte qu’il y a certaines maladies qui nous réinterrogent
sur la façon dont nous imaginons l’humanité. Et le ciel nous interroge sur le sens
de ce que c’est d’être un homme. Et donc le thème de la conférence cette année, nous
renvoie vraiment à des problèmes très généraux de sens et d’organisation et d’espérance
aussi.
Et quel est le constat sur le terrain en général ?
On
voit que l’organisation sanitaire, si elle se place seulement au niveau technique,
commence à être complètement débordée. Et donc des considérations justement qui ont
l’air un peu plus éloignées de la santé, comme précisément le mystère de la personne,
retrouve tout son droit de citer. Et donc on se rend compte que ce n’est pas en rendant
un hôpital plus performant qu’on va résoudre le problème.
Et d’ailleurs
même pour le malade lui-même, on voit que le grand âge et bien sûr des maladies qui
sont liées à ce grand âge, sollicitent autrement le groupe humain naturel, qui est
d’abord sa famille. Et on voit évidemment que la situation des familles est très différente
d’une région à l’autre du monde et on voit que dans les pays développés c’est tout
à fait catastrophique.
Donc ça serait plus une question de personne
qu’une question de moyen au final ?
Non pas uniquement, parce qu’on
voit bien que pour soigner certaines maladies, il faut aussi des moyens en médicaments,
etc. Mais ça n’est pas suffisant et donc je vois apparaître de nouveaux maux, y compris
dans la problématique médicale, surtout deux : premièrement le silence et deuxièmement
le temps que l’on consacre. Donc ça c’est très important parce que la personne qui
est malade, elle est atteinte dans sa dignité qui se trouve menacée.
D’autre
part, on voit bien que de façon habituelle, organiser les soins est devenue une affaire
trop marchande et donc c’est contradictoire. C'est là qu’il y a tout un nouveau travail
à faire pour permettre précisément aux aidants naturels de pouvoir être une aide compétente
aussi, pas seulement de bonne volonté.
Les participants seront reçus
samedi 23 novembre en audience par le pape François, dans la salle Paul VI. Auparavant,
ils assisteront à une rencontre de prière et de réflexion, avec commentaires de l’Evangile
de Mgr Rodriguez Carballo, secrétaire de la Congrégation pour les Instituts de vie
consacrée et les Sociétés de vie apostolique, avec un accompagnement musical du chœur
polyphonique Virgo Fidelis des carabiniers italiens.
(Photo :
la 28ème Conférence internationale du Conseil Pontifical pour la Pastorale de la Santé
se tient au Vatican du 21 au 23 novembre)