2013-11-12 15:07:30

Les "deux poumons" du christianisme, selon le Cardinal Poupard


Les échanges entre le patriarcat orthodoxe de Moscou et le Saint-Siège se multiplient, signe d’un réchauffement des relations. Ce mardi matin, au Vatican, le pape François a reçu en audience le métropolite Hilarion, responsable des relations extérieures du patriarcat de Moscou. Ce même jour, le cardinal Scola, archevêque de Milan, rencontrait à Moscou le patriarche Kirill dans le cadre des commémorations du dix-septième centenaire de l’Edit de Milan de l’empereur romain Constantin.

Toujours ce mardi, un concert est organisé à Rome par la Fondation Urbi et Orbi, fondation rassemblant catholiques et orthodoxes qui travaillent ensemble dans le domaine de la culture. Autre événement à Rome, la présentation d’un livre de l’intellectuel russe, Sergueï Averintsev, auteur de Verbe de Dieu et paroles de l’homme, publié dans une édition bilingue italien-russe et préfacé par le métropolite Hilarion.

Le cardinal Paul Poupard, président émérite du Conseil pontifical pour la Culture, participe à cette présentation, ayant bien connu l’auteur aujourd’hui décédé. Il y a quelques jours, il était lui-même à Moscou où il a rencontré le patriarche Kirill à l’occasion d’un symposium sur le thème de « la responsabilité sociale corporative dans la sphère de l’enseignement ».

Dans ce contexte d’intenses échanges culturels entre catholiques et orthodoxes, le cardinal Poupard rappelle que ce rapprochement a été initié par le pape Jean XXIII, avant de revenir sur ce qui rapproche les « deux poumons » du christianisme RealAudioMP3

Propos recueillis par Xavier Sartre

(Photo: le cardinal Paul Poupard)

Jean XXIII, j’allais dire le génie grammatical pour me faire entendre, de redonner la priorité au substantif sur l’adjectif. Nous étions tellement séparés que nous avons oublié que nous étions frères. En nous redécouvrant frères, nous sommes encore séparés mais comme toutes les familles, il y a eu des brouilles. Pour les retrouvailles, il faut laisser le temps au temps mais le temps est en marche.

Vous pensiez que ce premier pas de la culture, de ce dialogue avant tout culturel peut amener justement à aborder par après le débat plus théologique ?

Vous savez, je crois que tout se fait de façon contemporaine. Tout cela marche ensemble. Et l’important, c’est qu’entre les fidèles orthodoxes et les fidèles catholiques, nous n’avons pas de contentieux fondamental au plan théologique. Nous partageons la même foi qui s’enracine dans la même parole de Dieu, qui est donc irriguée par la Sainte Liturgie. Nous allons dans notre vie quotidienne, dans le « gouvernement » pour prendre ce terme, cheminer de façon différente et voir comment il y a comme de part et d’autre un rapprochement dans nos manières différentes de cheminer. Du côté du monde orthodoxe, il y a maintenant la reconnaissance de l’évêque de Rome comme le « primus inter pares », le premier parmi les pairs. Certains avaient oublié que le Pape François s’est présenté au moment même de son élection. Les cardinaux élisent l’évêque de Rome. Et l’évêque de Rome hérite du ministère de Pierre. Donc, le point sur lequel nous avons à nous rapprocher, c’est ce fait de la manière de vivre ce ministère. Pour les Églises orthodoxes, il y a la grande importance de ce que nous appelons « la collégialité », le saint-synode. Nous sommes tout au début du pontificat du Pape François mais dans sa manière de gouverner, il a déjà posé des jalons très significatifs en ce sens, en instituant cette commission des cardinaux et toutes les dernières dispositions sur la manière de potentialiser le synode des évêques qui avait été créé par le Pape Paul VI. Paul VI disait aux évêques « vous allez nous quitter. Hier, vous n’étiez pas là et nous n’en souffrions pas. Et maintenant, nous ressentons un grand vide. Et donc, nous ne pouvons pas avoir un concile permanent, pour le réconfort de votre présence, l’apport de votre sagesse.








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