Centrafrique : Sant’Egidio obtient la signature d’un « Pacte républicain »
C’est un pas important vers la paix et la stabilisation en Centrafrique qui a été
accompli jeudi 7 novembre. Sous l’égide de la communauté catholique Sant’Egidio, un
« Pacte républicain » a été signé à Bangui, la capitale, par le Président de la République,
Michel Djotodia, le Premier ministre, Nicolas Ntiangaye, et le président du Conseil
national de transition, Alexandre-Ferdinand Nguendet, en présence du corps diplomatique
et des représentants des organisations internationales.
Le texte « vise à impliquer
les forces vives de la nation dans la défense du cadre démocratique et des droits
humains, et dans la promotion des valeurs de la République pour une gouvernance de
paix et de progrès pour l’ensemble du pays, préparant aussi une série de mécanismes
permanents pour la prévention et la gestion des conflits », selon le communiqué de
Sant’Egidio. Il avait été rédigé à Sant’Egidio durant les pourparlers de paix pour
la Centrafrique qui se sont déroulés du 6 au 7 septembre et qui ont impliqué des représentants
du gouvernement de Bangui, du Conseil national de transition, de la société civile
et des confessions religieuses.
Les signataires du « Pacte républicain » se
sont engagés sur huit points : la nécessité d’apporter la sécurité aux citoyens à
travers le désarmement des milices et le retour à l’activité normale de l’État, garantir
le retour dans leur foyer des réfugiés et de favoriser leur réinsertion, le refus
de la violence comme moyen d’accéder au pouvoir, le choix en faveur de la collaboration
et du dialogue constructif entre les partis politiques et non de l’affrontement, la
nécessité de renforcer les institutions et de travailler durant l’actuelle phase de
transition politique pour préparer le pays et ses structures à la démocratie représentative,
la lutte contre la corruption et la défense des biens publics et privés, la nécessité
d’agir pour le Bien commun en faveur du peuple centrafricain, mais aussi la demande
faite à la Communauté de Sant’Egidio de poursuivre son action de promotion de la paix
et du dialogue en Centrafrique.
Angelo Romano, membre du bureau relations
internationales de Sant’Egidio revient avec Hélène Destombes sur ce texte
L’importance
de ce pacte est énorme. Les pactes républicains représentent une avancée pour la paix
parce qu’ils cherchent à créer un climat de véritable collaboration entre les différentes
forces politiques présentes en Centrafrique. On établit certains points importants,
une éthique de comportement. Il y a des points très importants sur l’armement des
milices, sur le retour à la sécurité. Les points les plus importants sont le renforcement
de l’autorité de l’État, des structures de l’État. L’objectif de Sant ’Egidio était,
à travers le dialogue, de renforcer les structures de l’État à travers la contribution
de toutes les forces politiques , sans exclusion. Et ça, je pense que c’est le point
clef, de renforcer l’État car sans l’État, la situation pourrait vraiment devenir
terrible. Aujourd’hui, la Centrafrique vit une crise très grave mais nous pensons
que le pays a les ressources pour pouvoir répondre à tous les problèmes avec l’aide
de la Communauté Internationale, bien sûr. La Centrafrique a besoin de l’aide internationale
mais a aussi besoin de montrer qu’il a les capacités pour répondre politiquement à
une crise qui est peut-être la crise la plus grave de son histoire.
L’aide
internationale est indispensable et notamment l’aide de la France ?
Je
pense que tout cela sera débattu entre l’Organisation des pays de la région, l’Union
africaine et les Nations-Unies : toutes les institutions de la communauté internationale
qui cherchent un peu à suivre la situation centrafricaine. Aujourd’hui même, il y
avait une réunion du groupe de Contact donc tous les pays qui suivent de près la situation
et qui sont même prêts à renforcer la sécurité dans le pays. Mais bien sûr, tout cela
devra advenir avec les Centrafricains. On ne peut pas faire ces choses-là sans l’appui
de l’État centrafricain et du monde politique centrafricain. C’est pour cela que l’unité
entre les différentes forces politiques est d’une importance capitale.
Vous
évoquez donc la nécessité d’une union et d’une volonté des Centrafricains. De nombreux
observateurs sont beaucoup plus pessimistes et affirment que les Centrafricains et
la force africaine n’ont pas les moyens de rétablir la sécurité dans le pays. C’est
bien sûr pour cela qu’on a besoin de l’aide internationale. Dès fois, les pessimistes
semblent toujours plus rationnels mais je ne pense pas comme ça. Je crois qu’il y
a toute la volonté d’un peuple qui est le peuple Centrafricain, un peuple qui veut
la paix, qui ne cherche pas la guerre, qui cherche simplement un développement, un
futur –je pense aux jeunes Centrafricains et aux jeunes Centrafricaines qui cherchent
à étudier à l’université, qui cherchent un travail, un futur. Tout ce monde sera prêt
à donner sa contribution pour une Centrafrique de paix.
Sant ‘Egidio
va-t-il intervenir également dans la réflexion concernant l’aide internationale ?
Bien
sûr, il y a une représentation de Sant ‘Egidio aujourd’hui qui participe à cette rencontre
du groupe de contact pour la Centrafrique à Bangui.
Vous avez senti
une réelle volonté d’œuvrer en faveur de la paix, la réconciliation de la part des
deux partis ?
Oui, absolument. On a perçu ça clairement et je pense
que c’est la force de cet accord. Je pense que la signature de ce pacte est un signe
de paix qui était attendu par la population centrafricaine. De tous les signes que
j’ai reçu de Bangui, en général de la Centrafrique, j’ai perçu la grande joie de la
population en écoutant quelque chose qui était un peu comme une bonne nouvelle. Alors
je crois que nous devons créer d’autres bonnes nouvelles pour ce pays qui, pendant
beaucoup de temps, a été un peu oublié par la communauté internationale. Je pense
que le moment est venu de donner de bonnes nouvelles.