2013-11-06 14:02:08

L'Église à l'écoute des familles. Entretien avec le cardinal Erdö


Il reste moins d’un an avant la 3ème Assemblée extraordinaire du Synode des évêques qui se tiendra du 5 au 19 octobre 2014 au Vatican. Les délais sont courts et une méthodologie particulière a été mise en place pour préparer cette grande rencontre concernant les « défis pastoraux sur la famille dans le contexte de la nouvelle évangélisation ».

Les réponses à un questionnaire envoyé aux Conférences épiscopales tiendront lieu de Lineamenta. Les catholiques croyants, prêtre ou familles, qu’elles soient en règle ou non, sont invités à répondre au plus vite à 39 questions. Ils sont sollicités sur le concept de « Loi naturelle », sur la pastorale de la famille, mais aussi sur l’attention à porter aux couples homosexuels ou sur la question des divorcés remariés.

Le rapporteur général du prochain Synode extraordinaire, l'archevêque d'Esztergom-Budapest le cardinal Peter Erdö nous présente ce « document préparatoire ». Il est interrogé par Marie Duhamel RealAudioMP3

Le document préparatoire revient d’abord sur l’opportunité de ce synode extraordinaire. Il s’agit d‘une urgence pastorale. Il y a un recueil de textes bibliques du magister qui concernent la famille et le mariage, donc la doctrine de l’ Église. Et après, on a un recueil de questions, une bonne trentaine de questions adressées aux Conférences épiscopales. Ce sont donc les Conférences épiscopales qui doivent répondre. Mais la méthodologie est tout à fait spéciale, également parce que le temps jusqu’au synode extraordinaire est très bref. C’est pourquoi on doit recueillir les réponses d’ici janvier. Ça veut dire que les évêques peuvent demander aux curés, aux paroisses, mais ce n’est pas facile. Il faut naturellement avoir la possibilité de connaître l’opinion et la condition pastorale surtout des catholiques croyants. C’est pourquoi il y a des associations, des mouvements spirituels, des familles chrétiennes qui sont intéressés et qui peuvent aussi répondre aux questions. Naturellement ce sont aussi les dicastères de la Curie romaine qui sont sollicités et à la fin il faudra faire une synthèse. Ce sera un grand travail.

Dans ces 39 questions, on voit évidemment beaucoup d’intérêts portés aux catholiques et à leurs difficultés posées par un rythme effréné au travail, des difficultés de communication dans leur couple. Mais il y a aussi un grand intérêt pour les familles qui ne sont pas « en règle » ?

Bien sûr, parce qu’il y a beaucoup de situations. Selon nos informations, dans le monde occidental, une grande partie des couples qui vivent ensemble vivent sans aucun mariage. Ça veut dire pas seulement sans mariage ecclésiastique, mais aussi sans mariage civil. Et dans certains pays, c’est la grande majorité des couples. Alors, c’est une réalité sociale ou sociologique qui doit être examinée avec beaucoup d’attention de la part de l’Église parce que c’est un grand défi pastoral.

Il y a aussi évidemment toutes ces questions sur les divorcés-remariés, des questions plus sensibles sur l’attention portée aux couples homosexuels. Là, il n’y a vraiment aucun tabous. Vous n’avez pas peur de les évoquer ?

Les sujets ne sont pas des tabous mais nous avons une grande force inspiratrice : l’Esprit Saint. C’est notre foi. Ce n’est pas une enquête quelconque. Nous sollicitons les croyants, l’Église. C’est l’Église qui à travers les évêques répond au Saint-Père et à la fin il faudra en parler au synode des évêques qui aura parmi les auditeurs surtout des familles, des gens, des mariés qui ont de l’expérience personnelle dans la famille. Alors, à la fin on verra ce qu’on pourra proposer au Saint-Père.

Mgr Forte affirmait qu’il faut être honnête, présenter la situation telle qu’elle est. Mais vous n’avez pas peur qu’il puisse y avoir des divisions sur ces sujets si délicats au sein de l’Église ?

Il y a certainement des différences d’opinion et également différentes expériences selon les régions, selon l’attitude personnelle mais il y a une base commune, c’est la foi. C’est aussi l’enseignement de Jésus-Christ et l’enseignement du magister de l’Église. Sur cette base, on peut et on doit chercher les solutions pastorales.

Mais est-ce qu’il peut y avoir par exemple, justement au regard des exigences pastorales, des changements concernant la doctrine ?

La doctrine établie de l’Église, pas tellement. Alors, ce n’est pas une doctrine plébiscitaire, c’est une doctrine qui provient de notre Seigneur Jésus-Christ. Ça veut dire que l’essentiel de la doctrine de l’Église n’est pas à libre disposition des êtres humains. C’est pourquoi il faut travailler avec beaucoup de responsabilité mais il faut connaître aussi les nuances, les accents historiques, les possibilités de changement surtout au niveau de la discipline de l’Église. Il y a des possibilités de différentes solutions.

Il y a une réforme qui a été annoncée concernant l’institution synodale. Est-ce que ça veut dire par exemple qu’on pourrait accorder plus de place, plus de poids au laïcs et aux familles qui seront présents lors du prochain synode ?

Les laïcs, selon les déclarations officielles faites jusqu’à maintenant, ne sont pas prévus comme membres car il s’agit du synode des évêques. Alors, ce n’est pas une autre institution. Certainement le Saint-Père a la possibilité d’organiser ou de changer la physionomie institutionnelle de cette forme établie de la consultation. Mais il faut attendre parce que maintenant c’est assez difficile de suivre les règles déjà existantes pour le synode, car il s’agit d’un synode extraordinaire et le temps est très bref.

(Photo : le cardinal Peter Erdö)







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