L'Eglise à l'écoute des familles. Entretien avec le cardinal Erdö
Il reste moins d’un an avant la 3ème Assemblée extraordinaire du Synode des évêques
qui se tiendra du 5 au 19 octobre 2014 au Vatican. Les délais sont courts et une méthodologie
particulière a été mise en place pour préparer cette grande rencontre concernant les
« défis pastoraux sur la famille dans le contexte de la nouvelle évangélisation ».
Les
réponses à un questionnaire envoyé aux Conférences épiscopales tiendront lieu de Lineamenta.
Les catholiques croyants, prêtre ou familles, qu’elles soient en règle ou non, sont
invités à répondre au plus vite à 39 questions. Ils sont sollicités sur le concept
de « Loi naturelle », sur la pastorale de la famille, mais aussi sur l’attention à
porter aux couples homosexuels ou sur la question des divorcés remariés.
Le
rapporteur général du prochain Synode extraordinaire, l'archevêque d'Esztergom-Budapest
lecardinal Peter Erdö nous présente ce « document préparatoire ». Il
est interrogé par Marie Duhamel
Moins
d’un an avant le synode extraordinaire, et à la demande du Pape, Rapporteur et Secrétaires
du Synode se sont immédiatement mis au travail et pour « raccourcir les délais » ;
ils ont décidé d’envoyer ce questionnaire qui vient se substituer au traditionnel
lineamenta. Le document préparatoire est « bref » pour susciter les réactions des
familles. Synthétisées par les Conférences épiscopales, celles-ci devront être envoyées
à Rome d’ici la fin janvier. Elles seront analysées en février par le Secrétariat
du Synode qui remettra l’Instumentum Laboris à partir du mois de mai aux pères synodaux.
Pas
de tabous : tous les sujets sensibles abordés
La consultation est donc
ouverte ! Suivant le souhait du Pape de renforcer la collégialité dans le gouvernement
de l’Eglise, celle-ci souhaite aujourd’hui se mettre à l’écoute des familles. 39 questions
sont ainsi adressés aux couples et aux parents qui tentent de suivre l’Evangile dans
leur quotidien, mais aussi « à ceux qui ne sont pas en règle » et qui doivent pouvoir
être accueillis. « Accueil et miséricorde, c’est le style du pape François », explique
Mgr Forte, le Secrétaire spécial du synode. « Ils représentent un défi pastoral important
pour l’Eglise », poursuit le cardinal Erdö.
Sollicités sur le concept de «
Loi naturelle », sur la pastorale de la famille, la préparation au mariage, les mariages
mixtes, l’attention à porter aux couples homosexuels. Plusieurs questions concernent
également les divorcés remariés. Pas de tabous et aucune peur de devoir affronter
des divisions au sein de l’Eglise. L’important est que le Synode soit « honnête »
et qu’il propose au Pape la réalité telle qu’elle est afin qu’il puisse mieux discerner
les décisions à prendre, a expliqué Mgr Forte. Ces décisions ne seront toutefois pas
adoptées à la majorité, a –t-il rappelé. Au bout du compte, le pape tranchera seul.
La
doctrine pourra-t-elle subir des modifications au regard des problèmes pastoraux ?
interroge un journaliste ? Non, répond le cardinal Erdö. « Des solutions concrètes
peuvent être trouvées en suivant le message de Jésus ». Du reste, conclu Mgr Forte,
« ce n’est l’Evangile qui change, mais nous qui le comprenons mieux ».
Des
laïcs, dont des femmes, présents au synode extraordinaire
L’Eglise
consulte les laïcs. Ils seront d’ailleurs « évidemment » présents lors du Synode extraordinaire
et parmi eux se trouveront des femmes, a assuré Mgr Baldisseri. Pour autant pourront-ils
prendre une part active à l’Assemblée synodale ? Le secrétaire du Synode répond que
si une réforme ou « une révision générale » du synode a été annoncée, celle-ci sera
d’ordre « méthodologique » pour rendre cet instrument de collégialité plus efficace.
Un bureau sera d’ailleurs créé pour accueillir un Secrétariat général (au 2ème étage
du palazzo del Convertito, via della Conciliazione). « C’est un Synode des évêques
et non des laïcs », a poursuivi Mgr Baldisseri pour qui, « les discussions sont ouvertes,
mais dans le cadre des structures préexistantes ». Ainsi, a-t-il conclu, « il s’agit
d’interpréter le règlement actuel avec plus de dynamisme ».
Autre point souligner
ce mardi par le cardinal Peter Erdö : l’Assemblée générale extraordinaire du Synode
des évêques est un « pont » entre le Synode sur la nouvelle évangélisation qui s’est
tenue l’an dernier et le Synode sur la famille qui est prévu en 2015. « Rien n’est
statique », a poursuivi Mgr Baldisseri, « Nous pourrons reprendre les premiers documents
», les retravailler. « L’Eglise est un organisme vivant », a conclu Mgr Forte.