L'attaque de Tienanmen : fait divers ou contestation politique ?
Lundi, une voiture en feu a provoqué la panique sur la place Tiananmen, au cœur de
Pékin. 5 personnes sont mortes et 40 ont été blessées. Un incident qualifié d'« attaque
terroriste » par les la police, qui a annoncé avoir interpellé cinq suspects. Les
autorités chinoises parlent d’une violente attaque planifiée, organisée et préméditée,
et visent la minorité musulmane ouïghoure, depuis longtemps persécutée par le pouvoir
central.
Mais au-delà des faits, c’est la puissance symbolique qui a marqué
: Tiananmen est le centre névralgique du pouvoir à Pékin. Cette attaque est-elle une
brèche dans la façade du régime ? Non, pour la sinologue Marie Holzman, interrogée
par Olivier Bonnel.
Pour
Marie Holzman, cette attaque ne marque pas de rupture, elle reste un incident parmi
d'autres, comme cela arrive de façon quotidienne en Chine, devant les mairies, près
des gendarmeries. « Ce que le gouvernement chinois craint plus que tout est un embrasement
de tous les mécontentements » poursuit la chercheuse. La force du gouvernement chinois
tient aujourd'hui car elle a toujours réussi à circonscrire ce genre de gestes violents,
en rejetant la responsabilité sur des individus isolés.
Dans le cas de l'attaque
de lundi à Tiananmen, Marie Holzman explique qu'il est « extrêmement pratique pour
le gouvernement chinois de rejeter la faute sur les Ouïghours » car la grande majorité
des Chinois (issus de l'ethnie han) n'est pas favorable aux revendications des minorités
ethniques.
(Photo : une colonne de fumée noire se dresse devant la Cité
Interdite, sur la place Tiananmen, à Pékin)