L’affaire Leonarda en France a relancé le débat sur le droit d’asile. Le ministre
français de l’Intérieur, Manuel Valls, a confirmé son intention de réformer la gestion
des demandes d’asile en France. Une réforme déjà sur les rails puisqu’une concertation
avait été lancée en juillet avec plusieurs associations. Les conclusions seront rendues
à la mi-novembre.
L’objectif affiché est de réduire le délai de traitements
des demandes d’asile d’ici deux ans, notamment pour se conformer à des directives
européennes. La réduction des délais n’est pas la priorité en vue d’une réforme selon
Antoine Decourcelle, membre de la Cimade Ile-de-France, une association qui participe
à ces concertations
«
Ça fait vingt-ans qu’on l’entend. Jacques Chirac, en son temps, avait exactement dit
la même chose que Manuel Valls mais ils ne sont pas capables de réduire les délais
tout simplement parce qu’après cet objectif de réduction des délais, les gouvernements
viennent en ajouter un autre qui vise à dissuader les faux demandeurs d’asile à déposer
des demandes. Pour cela, ils ajoutent de nouvelles procédures qui ont pour conséquence
d’engorger un peu plus les administrations et d’allonger les délais, » explique ce
membre de la Cimade. Concernant la fraude, elle serait logiquement en hausse puisque
les exigences imposées par l’administration sont tellement grandes, que « la barre
est trop haute » déplore Antoine Decourcelle.
L’UE change les règles
L’Union
européenne a publié il y a deux ans une directive pour tenter d’harmoniser le droit
d’asile à travers tout le continent. Parmi les mesures préconisées, celle d’assister
le demandeur d’asile lors de son premier entretien d’un avocat ou d’une tierce personne.
La France va donc devoir se conformer à cette nouvelle disposition d’ici 2015. Le
demandeur pourra également relire le compte-rendu de cet entretien, l’amender ou soumettre
des remarques. « Une réforme positive » selon Antoine Decoucercelle.
En revanche,
l’enthousiasme n’est pas de mise concernant le climat dans lequel se déroulent les
concertations entre le ministère de l’Intérieur, l’Office français de l’immigration
et de l’intégration et les différentes associations. « On a l’impression que les jeux
sont déjà faits », regrette le membre de la Cimade. « Notre priorité est de simplifier
les procédures de demande d’asile, les rendre plus rapides et plus accessibles de
manière à ce qu’ils soient plus autonomes et réussissent à exprimer leurs craintes
de persécution. »
Propos recueillis par Jean-Baptiste Cocagne
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