Mgr Mueller:"L'idéal de la fidélité n'a rien perdu de sa fascination"
Mariage, famille, engagement pastoral envers les divorcés remariés : autant de thèmes
abordés par le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, Gerhard Muller,
dans un article publié par le quotidien du saint Siège l’Osservatore Romano…Un texte
déjà publié en juin dernier dans les colonnes du quotidien allemand Tagespost, alors
que la question des divorcés remariés agitait déjà l'opinion publique sur de possibles
ouvertures de l'Eglise. Depuis, le Pape François a convoqué un Synode extraordinaire
des Evêques en octobre 2014 consacré aux défis pastoraux de la famille dans le contexte
de l’évangélisation. La publication de cet article, autorisée par le Pape, veut donc
rappeler la position traditionnelle de l'Eglise et n'a pas pour but de verrouiller
par avance le débat synodal.
Synthèse de l'article de Mgr Mueller
Le
Mariage entre un homme et une femme baptisés est un sacrement qui touche la réalité
personnelle, sociale et historique de l’homme : c’est ainsi que débute son article
Mgr Mueller, qui de manière détaillée, rappelle les principaux documents de l’Eglise
en la matière. A partir des Evangiles, on comprend comment le pacte qui unit intimement
les conjoints est institué par Dieu lui-même. Les Pères de l’Eglise et le Concile
de Trente ont refusé le divorce et le deuxième mariage, excluant donc l’admission
aux sacrements pour les divorcés remariés. La Constitution pastorale Gaudium et Spes,
fruit du Concile Vatican II, rappelle ultérieurement que le mariage est une institution
stable, fondée de droit divin et non dépendante du jugement de l’homme » De rappeler
aussi que tous les document plus récents, signés par Jean-Paul II ou encore Benoît
XVI, de 1981 à 2012, soulignent que les divorcés remariés ne peuvent communier, car
leur condition de vie contredit l’union d’amour entre le Christ et l’Eglise que représente
l’Eucharistie.
C’est ainsi que tous ces documents mettent bien en évidence
la nécessité d’un accompagnement pastoral des divorcés remariés pour qu’ils comprennent
qu’il ne s’agit pas d’une discrimination exercée à leur égard mais d’une fidélité
absolue à la volonté du Christ. Il est possible de comprendre et de vivre le mariage
comme sacrement uniquement dans le cadre du mystère du Christ. Si l’on sécularise
le mariage ou si on le considère comme une réalité purement naturelle, l’accès à sa
dimension sacramentelle demeure caché. Mgr Mueller souligne ensuite, l’importance
de vérifier la validité du mariage à une époque comme la nôtre qui est en contraste
avec la compréhension chrétienne de ce sacrement, notamment par rapport à son indissolubilité
ou à l’ouverture à la vie. Étant donné que beaucoup de chrétiens sont influencés par
cette mentalité, les mariages sont probablement plus souvent invalides de nos jours
qu’ils ne l’étaient par le passé, parce que manque la volonté de se marier selon le
sens de la doctrine matrimoniale catholique et que la socialisation dans le contexte
vivant de foi est trop réduite.
C’est pourquoi une vérification de la validité
du mariage est importante et peut conduire à une solution de problèmes. Là où il n’est
pas possible de constater une nullité du mariage, l’absolution et la Communion eucharistique
présupposent, selon la pratique éprouvée de l’Église, une vie commune « comme amis,
comme frère et sœur ». Mais les bénédictions de liens irréguliers sont à éviter «
dans tous les cas pour que ne surgissent pas chez les fidèles des confusions autour
de la valeur du mariage». Mgr Mueller écrit encore : « Les nombreuses communautés
matrimoniales qui se brisent aujourd’hui renforcent le scepticisme des jeunes à l’égard
des décisions de vie définitives. D’autre part, l’idéal de la fidélité entre un homme
et une femme, fondé sur l’ordre de la création, n’a rien perdu de son attrait, comme
le révèlent des enquêtes récentes parmi les jeunes. La plupart d’entre eux aspirent
à une relation stable et durable, en tant qu’elle correspond aussi à la nature spirituelle
et morale de l’homme. En outre, il faut rappeler la valeur anthropologique du mariage
indissoluble : celui-ci soustrait les conjoints à l’arbitraire et à la tyrannie des
sentiments et des états d’âme ; il les aide à traverser les difficultés personnelles
et à surmonter les expériences douloureuses ; il protège surtout les enfants, qui
pâtissent le plus de la rupture des mariages.
Certes, poursuit Mgr Mueller,
il existe des situations dans lesquelles la coexistence matrimoniale devient pratiquement
impossible à cause de graves motifs, comme par exemple en cas de violences physiques
ou psychiques. Dans ces situations douloureuses, l’Église a toujours permis que les
conjoints se séparent et ne vivent plus ensemble. Il faut toutefois considérer que
lien conjugal d’un mariage valide perdure devant Dieu et que chacune des parties n’est
pas libre de contracter un nouveau mariage tant que l’autre conjoint est en vie.
L’article
de Mgr Mueller répond ensuite à ceux qui suggèrent certaines solutions discutables,
comme de laisser à la conscience personnelle des divorcés remariés la décision de
s’approcher ou non de la Communion. Une proposition supplémentaire en faveur de l’admission
des divorcés remariés aux sacrements consiste à invoquer l’argument de la miséricorde.
La miséricorde de Dieu n’est pas une dispense des commandements de Dieu et des instructions
de l’Église, rappelle Mgr Mueller qui termine son article par le souci pastoral à
avoir pour les divorcés remariés, qui ne se limite pas à la question de la communion
sacramentelle, mais entre dans une pastorale plus globale, car il existe d’autres
manières d’entrer en communion avec Dieu.